Recensement discriminatoire à l’ambassade de Mauritanie en France

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Les Mauritaniens de France auraient-ils moins de droits que leurs compatriotes de Côte d’Ivoire ? C’est la conclusion que l’on pourrait tirer des résultats de l’enquête menée par KASSATAYA.COM depuis le début de l’enrôlement des Mauritaniens de l’étranger.

Pendant que se poursuit l’enrôlement des Mauritaniens à l’intérieur du pays depuis mai 2011, trois bureaux ont été ouverts à Djeddah (Arabie Saoudite), à Abidjan (Côte d’Ivoire) et à Paris (France). Ce dernier bureau doit s’occuper du recensement des Mauritaniens établis dans toute l’Europe. Un constat trouble l’observateur : alors qu’en Côte d’Ivoire et en Arabie Saoudite il suffit de présenter un document d’état-civil prouvant la nationalité du candidat au recensement –ou, à l’extrême rigueur, une carte consulaire- en plus des pièces exigées des Mauritaniens de l’intérieur (récépissé du recensement de 1998, récépissé du recensement des parents ou, le cas échéant, l’acte de décès), l’Ambassade de Mauritanie à Paris exige un titre de séjour établi par les autorités françaises. Il s’agit d’une rupture manifeste dans l’obligation de réserver un traitement égal envers tous les citoyens d’un même pays. Certains responsables associatifs qui craignaient la disposition se demandent si l’Ambassade de Mauritanie en France est « sous régime d’exception ou si c’est l’ambassadeur qui y fait SA loi.»

Pour M. Moro Sidibé, membre de l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France, « les autorités doivent revenir sur la décision d’exiger le titre de séjour et le récépissé de recensement de 1998. Sinon, cette opération d’enrôlement exclura la majorité des Mauritaniens établis en France. »

De l’avis de M. Sidibé, les représentants des villages en France doivent être consultés pour aider à établir la nationalité mauritanienne de tout candidat au recensement. C’est d’ailleurs ce qui se fait dans les centres de recensement en Mauritanie. Cet appui est indispensable selon M. Sidibé parce que sans lui, « comment les membres de la commission d’enrôlement qui viennent à peine de poser les pieds en France peuvent-ils connaître qui est vraiment Mauritanien en France ou non ? » poursuit-il.

Enfin, M. Sidibé demande la reconnaissance de la double nationalité pour les Mauritaniens qui sont dans cette situation. Pour cela, pense-t-il, « les critères doivent êtres assouplis et rendus plus transparents. Si nous avons pris la nationalité française c’est à cause de la situation politique qui nous a chassés de notre propre pays lors des massacres de 1989-191 notamment. »

Selon les termes de l’article 31 du nouveau code de la nationalité publié dans le Journal Officiel n°1212 du 30 mars 2010, « un mauritanien, même majeur, ayant une nationalité étrangère, peut être autorisé, sur demande à garder la nationalité mauritanienne.» Ladite demande doit être adressée au président de la république, seul habilité à en décider par décret. Faute d’avoir fait la démarche, la plupart des Mauritaniens de France sont aujourd’hui exclus d’office du recensement. La commission d’enrôlement à beau promettre de recenser dans une seconde phase « les binationaux » (sic), « les sans-papiers » et même « les réfugiés » (resic), les Mauritaniens de France n’y voient qu’un leurre et une manœuvre pour gagner du temps. En attendant, ils exigent que leur soient appliqués les mêmes critères que ceux des bureaux de recensement ouverts en Mauritanie, en Côte d’Ivoire ou en Arabie Saoudite.

Laura CARUELLE pour KASSATAYA

Soure : Kassataya.com

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