Afrique – Pêche illégale : Les flottes étrangères continuent de piller les eaux africaine

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En théorie, les zones de pêche appartenant aux pays africains sont protégées par le droit international. En réalité, les flottes de pêche étrangères continuent à exploiter les eaux africaines, ce qui entraîne chaque année pour la région d’énormes pertes économiques qui ont de graves répercussions sociales.

Chaque jour, des centaines de chalutiers pénètrent dans les eaux africaines pour pêcher sans permis la crevette, la sardine, le thon et le maquereau. Une étude effectuée par le DfID, l’organisme officiel d’aide au développement du gouvernement britannique, a calculé que ces chalutiers coûtent à l’Afrique environ 1 milliard de dollars par an. Mais la pêche illégale n’est pas uniquement un problème africain, explique Arona Soumaré, directeur de la conservation pour l’Ouest de l’Afrique du Fonds mondial pour la nature (Wwf), des pays développés se débattent avec le même problème. Cependant, note M. Soumaré, pour les pays africains, ‘les conséquences sociales et économiques de ces pertes sont énormes’.

Les zones de pêche africaines devraient être protégées par le droit international. En 1982, la Convention de Montego Bay a fixé une limite de 200 milles au large des Etats côtiers à l’intérieur desquels la pêche n’est pas autorisée sans permis. Mais les efforts des Etats africains pour mettre fin aux activités de pêche illégales dans ces limites sont entravés par le manque de compétences et de moyens. Seuls quelques Etats africains, comme la Namibie et l’Afrique du Sud, ont la capacité de patrouiller leurs eaux, explique Sloans Chimatiro, conseiller principal des pêches au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).

Divers accords nationaux et internationaux exigent des bateaux détenteurs d’un permis qu’ils respectent certains quotas de prise et ne pêchent pas dans les zones protégées. Il est également interdit à ces vaisseaux d’utiliser les longs filets dérivants qui capturent tout ce qui est à leur portée, le poisson en trop étant alors tout simplement rejeté à la mer. Selon André Standing, de l’Institut sud-africain des études de sécurité, pour s’assurer que les flottes de pêche respectent ces règles, les Etats concernés ont besoin de bateaux de patrouille, de moyens de surveillance aérienne et de systèmes de contrôle. Les Etats maritimes doivent aussi investir dans la formation de personnel, mettre en place des procédures d’enquêtes adéquates, évaluer les stocks de poisson et créer des programmes de pêche durable ; mais la plupart des pays africains n’ont pas les finances et les compétences nécessaires pour le faire.

La pêche constituant un moyen de subsistance pour de nombreux Africains, elle a aussi des implications sociales. Selon le Wwf, les pêcheries ‘apportent une contribution vitale à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de 200 millions d’Africains et fournissent des revenus à plus de 10 millions de pêcheurs essentiellement artisanaux… et d’entrepreneurs’. Une étude réalisée en 2005 par l’Alliance pour le développement durable des produits de la mer en Afrique de l’Ouest a conclu qu’environ 5,6 millions d’emplois étaient liés à la pêche en Afrique de l’Ouest, et que les revenus d’exportation des produits de la pêche se montaient pour la région à 711 millions de dollars. Pour l’ensemble de l’Afrique, le poisson et les produits de la pêche constituent en moyenne une contribution annuelle de 2,7 milliards de dollars aux exportations du continent. Malgré le rôle important des pêcheries, les Etats africains ont peu investi pour protéger et gérer ces ressources.

Pour que la lutte contre la pêche illégale soit efficace, il faut que les Etats échangent compétences et renseignements afin que les flottes qui sont écartées des eaux d’un pays, ne puissent pas se diriger vers celles d’un pays voisin. Des organisations tentent de mettre sur pied cette coordination, la Commission sous-régionale des pêches (Csrp) de Dakar, au Sénégal, sert de base de coopération entre le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone. Le Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (Copace) est censé jouer un rôle similaire. ‘Mais il n’a pas de pouvoirs réglementaires et le Csrp a une juridiction géographiquement limitée’. La Commission sous-régionale des pêches pour l’Ouest de l’Afrique qui a également un mandat régional pour harmoniser la politique de la pêche n’est pas encore complètement opérationnelle, a déclaré M. Soumaré.

Pour répondre à ce besoin d’une meilleure coordination, l’Organisation maritime internationale (Omi) a créé en 2007 un réseau qui permet à 24 Etats africains de la côte ouest du continent d’établir des rapports avec les organismes de sécurité maritime, les marines non africaines, les assureurs, Interpol et un certain nombre d’institutions des Nations Unies s’occupant des questions liées à la pêche et à la sécurité. Selon Chris Trelawny de l’Omi, si les Etats africains pouvaient ‘resserrer le filet’ autour de la pêche illégale, ils pourraient obtenir plus d’argent pour les permis de pêche qu’ils accordent et, en conséquence, financer une meilleure surveillance de leurs ports et de leurs eaux.

Mary KIMANI – Afrique Renouveau, Onu
Source: Walf Fadjri

Posté   le 10 Aug 2009   par   doudou

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