Sénégal-Ancien directeur général de la Douane : Boubacar Camara liste les niches de corruption

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Malgré les lois établies, la corruption continue de prospérer au Sénégal. Et selon l’ancien directeur général de la douane, Boubacar Camara, qui animait une conférence publique, ce mercredi à l’Ena, la corruption reste favorisée par les hommes politiques.

Le Sénégal, qui est classé à la 80e place sur 180 pays, fait partie des pays les plus corrompus au monde. Selon Boubacar Camara, ancien directeur général de la douane, la corruption reste vivace dans le pays. ‘Il y a un niveau de corruption dans les pays en voie de développement. Cela est clair et net’, soutient-il. Il introduisait, hier, une conférence publique sur le thème : ‘Ethique dans la gestion des affaires publiques’ à l’Ecole nationale d’administration (Ena). Et, à l’en croire, les hommes politiques ont une grande part de responsabilité dans l’aggravation de la corruption. ‘Les coûts des campagnes électorales constituent un facteur aggravant de la corruption’, souligne-t-il, face aux élèves de cette institution, qui forme les cadres de l’administration sénégalaise.

Boubacar Camara décèle les niches de corruption dans les administrations où on délivre les agréments, en plus des lieux de collecte des impôts et les douanes. Il décrit la corruption comme un ‘triangle de feu’ et l’explique par l’excès de pouvoir des agents publics, quelque soit leur rang, mais également leurs besoins personnels et enfin la pression sociale. Et pourtant, de l’avis du conférencier, le Sénégal dispose de tout un arsenal juridique comme, par exemple une loi qui régit le code des marchés publics, l’un des meilleurs en Afrique, voire du monde, pour lutter contre la corruption.

‘La gestion étatique est fortement réglementée. Il y a la Constitution et d’autres textes réglementaires qui régissent la gestion des affaires publiques. Et la loi sur la répression illicite est l’une des plus rédigées’, fait-il remarquer. D’ailleurs, poursuit-il, ‘le préambule de la Constitution donne un attachement particulier à la gestion des affaires publiques. Et l’article 9 interdit à tout fonctionnaire de faire des affaires à but lucratif et de solliciter ou d’accepter des services gratuits ou minorés de quelque nature que ce soit’. Ainsi, pour l’ancien directeur de la douane, on ne peut pas parler de vide juridique.

Que faut-il faire pour limiter la corruption et promouvoir la bonne gouvernance ? A cette question, l’ancien directeur de la douane soutient que pour dénoncer la corruption, il importe de préconiser la mise en place d’un numéro vert et la mise sur pied d’une loi qui protège les dénonciateurs, comme cela se fait dans les pays développés, en particulier les Etats-unis. ‘La dénonciation de la corruption doit être encouragée. Et comme aux Etats-unis, nous devons mettre en place un numéro vert permettant de maintenir dans l’anonymat ceux qui osent dénoncer les agents de l’Etat corrompus’, indique-t-il. Le conférencier souligne que tant qu’il y aura l’omerta, la corruption prospérera. Car, à l’en croire, il est extrêmement démoralisant de vivre dans un environnement malsain et vouloir être sain. Ainsi, pour Boubacar Camara, la dénonciation permet aux gens de ‘réfléchir avant d’user de leur position pour faire des choses illicites’.

Auteur: Charles Gaïky DIENE     
Source: Seneweb

Posté   le 13 Feb 2009   par   doudou

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