Diaspora africaine : Qui ?

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Les 11 et 12 septembre 2007 à Paris, le Comité d’Organisation de la Conférence Consultative Régionale Union Africaine- Africaine en Europe se réunissait sous la présidence de l’ambassade et du gouvernement d’Afrique du Sud, en préparation du sommet historique qui rassemblera pour la première fois en 2008 en Afrique du Sud l’Union Africaine et des représentants de la africaine dans le monde. Une perspective qui fait écho à la décision de l’UA d’intégrer la Africaine comme sa sixième région à part entière, décision très populaire chez les quelques Africains de l’étranger auprès desquels cette nouvelle est parvenue …

Il faut dire que la relance de la question diasporique intervient au creux d’une vague asséchée d’idées et de modèles de développement, d’idéaux renouvelant les espoirs d’épanouissement, de distribution de bien-être, ou ne serait-ce que de survie africains. De plus en plus nombreux sont ceux qui lorgnent du côté des Migrants africains, récents ou anciens et des Afrodescendants des Amériques et des Caraïbes, en quête d’autre chose que le quotidien terne et routinier qui s’offre à trop de jeunes et de moins jeunes. Si la situation générale des Noirs en diaspora, potentiellement et collectivement membres présumés de la diaspora africaine, est plus proche de la subalternité que des centres de décisions, quelques exemples encourageants et incitatifs peuvent afficher succès, réussites professionnelles voire fortunes non négligeables, suffisants à envoyer des signaux décryptés positivement en l’Afrique. Et en direction des Noirs socialement relégués des diasporas.

La découverte du potentiel de développement, des ressources dynamogènes et d’ouverture au monde spécifiques aux populations migrantes attire une plus grande attention des spécialistes des questions économiques, culturelles, démographiques, de l’évolution des sociétés. Les économistes tendent à mettre l’accent sur les transferts de fonds et de technologie, quand les sociologues voient les effets d’imitation et d’apprentissage sociopolitiques (pluralisme politique, formation continue…) , les nouveaux comportements, les pratiques émergentes que ces populations génèrent, à l’instar de l’accélération de l’appropriation des NTIC dans les endroits reculés d’Afrique, par nécessité de communiquer avec un parent migrant assumant des charges insoutenables par les forces locales seules.

Sur ces entrefaites, peu se sont appesantis sur la définition même de la notion de diaspora, particulièrement délicate pour les Africains et Afrodescendants au XXIe siècle européen. L’Afrique-misère et crève-la-faim ne peut plus faire rêver, de ses indépendances il ne reste plus que des démocratures sans charme, et des terrains de guerres et de luttes qui envahissent les écrans et gazettes occidentales comme pour gâcher la tranquillité des opulents heureux. Ses propres enfants s’en détournent et échappent des fortunes mal acquises de leurs terres natales pour en jouir pensent-ils en Occident. Quant aux Afrodescendants, ils sont traversés par des courants souvent contradictoires. Dans les Amériques, plus nombreuses en populations aux racines africaines, depuis les années 50-60 l’Afrique s’est imposée dans la dénomination et l’identité affichées des «Africains Américains», des «Afro-brésiliens», des «Afro-Péruviens», etc. La montée des courants créolistes mettant en avant la notion de métissage prend quelques fois en Martinique et chez certains intellectuels une expression de pathologie anti-Afrique que le contenu intrinsèque des créolisations n’impliquerait pas nécessairement. Toujours est-il que les affirmations de créolités et d’Africanité se croisent, faisant face à une Afrique qui n’a plus les fascinations et les attentes d’il y a cinquante ans à donner. A cette époque bien des créolisants des années 2000 ne manquaient pas un colloque important sur l’Afrique et sa diaspora, faisant corps avec le continent à la façon d’un Fanon proclamant que la révolution africaine avait toujours été son but ultime. Et sans citer les Firmin, Price-Mars, Césaire, …

Une définition unilatérale et substantielle de la notion de diaspora, du «qui» est concerné, se heurtait également à des considérations diplomatiques, puisque les membres présumés de la diaspora sont susceptibles d’avoir des nationalités d’autres pays, par fait administratif et / ou par adhésion. Afin de ne pas risquer de se mettre en porte à faux avec les Anti-Afrique africains et afrodescendants consommant sans nuance les contenus disgracieux des images de télévision sur le continent, et pour prévenir toute offense diplomatique, l’UA a adopté une définition prudente et sage basée sur l’adhésion individuelle volontaire des originaires plus ou moins direct d’Afrique : «l’ensemble des personnes d’origine africaine vivant hors d’Afrique, indépendamment de leur citoyenneté et nationalité, et désireuses de contribuer au développement du continent et à la construction de l’Union Africaine»

On peut déjà assurer que l’écrivain en vain Claude Ribbe, qui intervenait le 11 septembre à la conférence consultative sur la diaspora africaine (commissions 3 traitant des défis communs) n’a pas du bien lire et encore moins bien comprendre cette définition qui se termine tout de même par un appel à ceux qui sont désireux non pas de s’apporter des garanties institutionnelles à soi mais de contribuer au développement du continent. En effet, opportuniste typique et équilibriste allumé par le suffrage universel en juin 2007 où il s’est ridiculisé en s’essayant à une candidature pitoyable à la députation en région parisienne, Claude Ribbe qui vraisemblablement ne sait plus où il habite a réussi à passer en quelques années de Guadeloupéen descendant d’Africain à Français, citoyen, non-Noir [et peut-être anti noir], Anti-Afrique en tant que Domien ou Ultramarin, pour revenir à la diaspora africaine la queue entre les jambes ! Un acrobate cabossé par les échecs politiques et l’avidité. Il faut dire que le coup en valait la chandelle, c’est l’Afrique du Sud et l’UA qui régalaient… Une illustration de la porte qu’ouvre une telle définition de la diaspora aux françafricains de touts poils et aux assoiffés de strapontins qui tenteront de caporaliser les instances de représentation en gestation de la diaspora africaine.

Il sera alors temps d’en revenir à des réalités acides mais incontournables. La Diaspora africaine recèle d’un potentiel énorme, mais elle a également en elle les tares et turpitudes qui font dissoner le continent à l’instance des progrès collectifs. Malgré l’énorme espoir que son institutionnalisation pourrait susciter, elle n’est ni pure ni parfaite, et pour beaucoup, est prête à reproduire les règnes des démocratures et des corruptions afro-occidentales en Afrique. Elle ne saurait cependant se limiter à une définition essentiellement négative et improductive, loin de là.

 
Posté   le 18 Sep 2007   par   biko

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