Interview : M. Lassana KOITA dit Souaîbou, Président du CO.RE.DIA à coeur ouvert

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Bakelinfo.com a donné la parole à Monsieur Lassana KOITA dit Souaîbou, Président de l’Association  » Comité de Rénovation de DIAWARA « . Dans cette interview, il nous parle de son engagement associatif, de son association et de sa ville natale. Sans détour avec celui qui préside la destinée de cette association phare depuis 2004. 

1*- Bonjour Siabou KOITA, comme à l’accoutumée, pouvez-vous svp vous présenter à nos fidèles lecteurs de Bakelinfo.com ?

Bonjour. Je m’appelle Souaîbou KOITA, 45 ans, Natif de Diawara et enfant de Ounoubaba. Je suis président de l’association  » COMITE DE RENOVATION DE DIAWARA «  ( CO.RE.DIA ). Je vis en France. 

2*- Quelle a été la trajectoire de Souaîbou KOITA, des sables de Diawara aux bitumes de Paris ?

J’ai fait mes études primaires à l’école de Diawara, puis au Collège Waoundé Ndiaye de Bakel de 1984 à 1987. J’ai passé toute mon enfance entre Diawara et Wounoubaba. Je garde de très bons souvenirs d’enfance de ces contrées. J’ai abandonné mes études secondaires en 1987 suite au décès de mon Père. Malheureusement ou Heureusement comme tous les Natifs du Département de Bakel, j’émigrais en France en 1989. Une fois dans l’héxagone, j’ai effectué mon service militaire ( 1 Décembre 1989 ) à l’ESMAT ( Ecole de Spécialisation du Matériel de l’Armée de Terre à Châteauroux en France ). J’ai été libéré des Obligations militaires le 05/12/1990.

Sur le plan professionnel, je suis rentré à la Ville de Paris le 01 Mars 1991 comme Ouvrier Professionnel. Puis, j’ai passé avec succès mon concours de Chef d’Equipe en 2004 ( Gestion du Personnel ). Voila maintenant 20 ans que je suis au service de cette belle capitale européenne.

3*- Vous êtes président de l’association de COREDIA, comment avez-vous réussi à être à la tête de cette grande association communale ?

J’ai toujours eu des ambitions pour Diawara et le département de Bakel. Je suis né là bas, j’ai côtoyé toutes les misères que les populations vivent. Je suis un pur enfant du terroir. J’ai toujours eu des sentiments de révolte. J’avais à coeur de changer plusieurs choses. Je dois dire aussi que j’ai toujours milité dans des mouvements de Jeunesse.

En 1993, nous avons créé une Association des Jeunes de Diawara. Mais malheureusement, ce Mouvement n’a pas survécu. Militant convaincu, je me suis mis au service de mon Peuple en rejoignant le COREDIA en 1996 grâce à Demba Kandé Diakhité qui ne cessait de m’inviter à rejoindre cette association.

A l’époque, j’étais le seul jeune à côté de nos Doyens : Bollé sakho, Gongo KONE, Guindo BA, Bouna Fofana, Samba Niamé, et tant d’autres. J’ai appris beaucoup de chose de ces personnes ( le sens des responsabilités, des ambitions fortes, l’Engouement, le dynamisme, de la discipline, le sens de l’Ecoute, la communication, etc…).

En Août 2004, Diawara a donné la confiance aux membres actuels pour diriger cette grande association dont je préside.

4*- Il y a quelques petites années, vous avez mobilisé de gros sous pour un projet d’adduction d’eau potable, où en est cet important investissement ?

Lors de nos multiples vacances à Diawara, nous discutions beaucoup avec nos populations, nous les écoutions et nous recensions les besoins les plus urgents. Dans toutes les discussions, le problème de l’eau ressortait sans cesse. Donc, avec mon équipe, nous nous sommes mis au travail. Nous avions créé au sein de l’Association une équipe Projet dont Modibo KOITA est le coordonnateur. En 2005, nous avons financé des études de faisabilité. En 2006, nous avons fait acte de candidature auprès de la Ville de Paris. Celle-ci n’a pas été retenue. Nous avons mis en place d’autres stratégies associatives.

Nous nous sommes rapprochés par la suite des ONG telles que le GRET / PacePass et le PAISD. Le coût du Projet s’élèvait à 380.000 €, soit environ 250.000.000 FCFA, Diawara devrait participer à hauteur de 10%, soit 25.000.000 FCFA.
En 2010, la Ville de Paris a retenu notre Candidature et a participé à hauteur 109.150 € soit 71.600.000 FCFA. Nous tenons à préciser que c’est un signe de reconnaissance de la Ville de Paris car nos parents se sont sacrifiés et ont travaillé durement de génération à Génération pour Paris. A l’époque, le système de Collecte des Ordures ménagères n’était pas mécanisé, ni modernisé.

Pour revenir à notre sujet, nous remercions le Bon Dieu, le Projet d’Adduction d’eau est arrivé à son terme. L’Eau coule dans les maisons depuis près de 6 mois.

5*- Comité de Rénovation de Diawara ( COREDIA ), votre association a-t-elle réussi le pari de la modernisation ? Et comment ?

Vous savez, nous sommes dans un monde qui évolue très vite. Il faut oser anticiper certaines réformes. Mais tout cela demande de la rigueur, du sérieux, de l’écoute, de la communication… Il ne faut jamais forcer le destin. Il faut savoir prendre tout le monde sur le chemin et ne laisser personne sur la touche. Nous avons fait appel à toutes les compétences de Diawara, à nos cadres pour relever le défi.

6*- Le nom de Diawara rime trop souvent avec opulence, puissance financière, malgré tout Diawara ressemble plus à une bourgade qu’à une ville moderne, que manque-t-il à Diawara ?

Beaucoup de travail reste à faire surtout dans l’ancien Diawara. Le modernisme passe par une vraie politique d’Urbanisation et une vraie politique foncière. Mais cela demande de la Communication, de relations humaines et beaucoup d’écoute avant de trancher…Diawara est la bonne dynamique mais nous avons du travail pour changer considérablement le visage de cette commune.

7*-Votre ville a été le théâtre de plusieurs scandales notamment dans le domaine foncier ( feuilleton politico-social) ainsi que dans le domaine éducatif, quelle lecture faites-vous de ces évènements qui troublent encore le quotidien de vos compatriotes ?

Quand on travaille pour son peuple, c’est l’intérêt général qui prime surt tout. Concernant ces scandales fonciers, le COREDIA avait tiré la sonnette d’alarme sur cette spoliation foncière en 2008. A l’époque, nous avons sensibilisé la population, les opposants politiques de l’époque, les Notables… Nous avions écrit également à l’ex Maire Dama SAKHO pour attirer son attention sur ce scandale qui risquerait de nuire à la stabilité de Diawara. Mais l’Ex Maire soutenait que ce n’est pas le problème du COREDIA. C’est de sa compétence disait-il. Le résultat final a été catastrophique. Le COREDIA avait compris dès le départ que c’est une Politique d’enrichissement personnel qui a été montée par l’Ex Maire. Maintenant, cette affaire est devenue très sensible…
Nous avons connu également un scandale financier en 2011 au sein du Collège de Diawara. Un détournement de 16.000.000 FCFA au collège de Diawara… Devait-on fermer les yeux devant ce scandale sachant que le COREDIA invesit depuis belle lurette dans l’éducation au niveau de la commune. Revoir tant d’efforts partir en fumée sidérait plus d’un. Le COREDIA ne pouvait accepter de tels comportements fût-il l’oeuvre d’un natif de Diawara …

Les Membres du COREDIA sont des pompiers. Nous savons tous que la mission d’un pompier est : Sauver ou Périr. C’est notre combat : Rétablir un état de droit et combattre la mauvaise gestion des affaires publiques. Des Valeurs qui nous ont été transmises par nos parents. Jamais, nous ne trahirons ces valeurs.

Beaucoup de gens ne voient pas le sens de nos luttes mais ils se rendront compte plus tard Inchallah.

8*- Il se dit que chaque ressortissant de Diawara est membre du COREDIA, comment est-ce possible ? Comment peut-on être automatiquement membre d’une association sans y adhérer ?

C’est vrai. C’est la seule association où tout le monde est membre. Car tout ressortissant de Diawara qui est salarié, cotise ses 7 € / an pour le fonctionnement de l’association en plus de la  » Grande Caisse « . D’ailleurs, toi-même  » EYO », tu es membre tout comme moi car tu es à jour de tes cotisations ( Rires ).

9*- Votre association COREDIA s’est retrouvée au cœur de plusieurs dissensions d’ordre social, politique et éducatif comme la fronde des collégiens, le problème BALDE, le scandale des terres octroyées par l’ancien édile…, le COREDIA ne fait-il pas du mélange des genres ? En quoi consistez concrètement votre démarche dans ces problèmes ?

Je ne crois pas. Il n’y a aucun mélange des genres. Une association défend toujours les intérêts des plus faibles. Une association dit haut ce que pensent les autres plus bas. Nous ne faisons que défendre les intérêts de notre population. Et nous tirons la sonnette d’alarme sur différentes formes de corruption ou de malversations. Notre démarche était de s’ériger en sentinelle de la bonne tenue des affaires de notre ville.

Certes, chaque Membre du COREDIA a une appartenance politique mais nous restons intègres. Cela a toujours existé et cela ne date pas d’aujourd’hui. Au sein du COREDIA, dans nos réunions, on ne parle jamais de Politique. Les membres qui assistaient à nos différentes réunions peuvent en témoigner.

10*-Ces dernières années, l’axe Paris-Diawara a été fortement perturbé par de profondes contradictions entre le Maire en place et l’association, la tempête est-elle passée ? Que reprochait le Corédia au Maire de la ville ?

Je ne vois pas de perturbation, ni de contradictions entre le Maire et le COREDIA. Peut être, il peut y avoir de visions différentes. C’est normal, c’est comme dans tout mouvement. Si le COREDIA se bat, il le fait pour l’intérêt des populations de Diawara.

11*-L’autre problème de Diawara se situe au niveau du renouvellement de génération, où en êtes-vous avec la mise en place d’une cellule de jeunes dans le vrai sens du terme ?

Dans le vrai sens du terme, nous allons passer le flambeau aux Jeunes de Diawara au moment opportun. C’est une de nos doléances, d’ailleurs la plus forte de nos jours. Nous sommes fatigués. Car gérer une association d’une telle ampleur n’est pas une chose aisée ( Toutes formes de Critiques, d’accusations et de Pressions ). Cela use tout ètre humain à un moment ou un autre.
Mais c’est normal, quand on s’engage dans un mouvement populaire, il faut tout accepter. L’essentiel est de rester soi-même et de mener des combats dans l’intérêt général. Si on reste tous à croiser les bras, rien ne se fera fait. Il faut des sacrifices.

12*- Dans un passé récent, quelques jeunes de votre commune en France comptaient mettre sur pied leur propre association en marge du COREDIA ? N’est-ce pas un désaveu pour une association communale regroupant tous les natifs de Diawara ?

Vous savez, c’est compliqué cette histoire. Cela ne sert à rien de créer une multitude d’associations étant donné qu’on en a une qui existe depuis 1969. Elle fonctionne bien et mène des projets dans l’intérêt de tous. Le mieux est de venir la renforcer. C’est mon avis.

13*- Monsieur Gongo KONE, Président d’honneur du COREDIA a l’habitude de dire « Diawara est l’argentier du département de Bakel », pourtant l’argent des caisses Diawaranké ne profite pas considérablement aux populations locales mais aux banques parce que fortement thésaurisé, pensez-vous orienter cette manne financière pour d’autres projets viables et rémunérateurs à terme comme une banque populaire, une mutuelle de santé, un projet d’exploitation agricole, un fonds d’investissement pour le financement des études de vos meilleurs élèves et étudiants, des usines de productions … par exemple ?

Pour commencer, un grand remerciement à nos parents qui ont eu l’idée de créer des caisses villageoises datées de plus de 50 ans. Ces braves parents qui n’ont jamais été à l’école mais qui ont mis sur pied de très bonnes initiatives. Maintenant, c’est aux générations futures de s’entendre et de perpétuer l’oeuvre. C’est aux jeunes de révolutionner cette manne financière en mettant sur pied des projets viables. Mais comment ? Pas à coup de révolte. Toute personne porteuse de très bonnes idées doit se rapprocher de l’association, apprendre et montrer ses compétences. Mais ce n’est pas du jour au lendemain qu’on se présente pour réclamer quoi que ce soit. Il faut un engagement fiable et dénué de tout calcul.

Beaucoup de projets restent à faire à Diawara. Dans le domaine de la santé, il nous faut un hôpital digne de ce nom. A coté, une grande pharmarcie ne sera pas de trop. Les prix de la pharmacie actuellement en place sont hors nomes. Les pauvres paysans triment pour se procurer les médicaments à Diawara.

Pour des projets de grande envergure, il faut qu’on mène un groupe de réflexion composé des 3 Villages voire 4 ; Diawara / Yéllingara / Manael/ Moudéery pour voir si on peut faire une grande pharmacie avec des prix raisonnables. C’est faisable. C’est ce qui manque souvent à notre terroir : Mener des projets d’intérêt général ensemble.

Si Vieux Gongo a dit que Diawara est l’argentier du Département de Bakel, cela a un sens. Mais les contributions financières de nos riches à Diawara sont invisibles. Ces grosses fortunes sont totalement absents sinon investissent dans l’immobilier tout simpkement. Actuellement, dans toutes les discussions, les ressortissants de Diawara s’orientent vers des projets de développement. Nous y sommes, mais cela demande beaucoup de réflexions car c’est l’argent public. Il faut limiter les risques sinon c’est la porte ouverte à des problèmes de tout genre.

14*- Une question intrigue vos voisins Bakélois « Pourquoi les populations de Diawara désertent leurs maisons situées au cœur de la ville pour la périphérie ? Ne pensez-vous pas que la pleine urbanisation de Diawara passe par la mise en valeur des anciens quartiers aujourd’hui légués aux maliens ?

Vous savez, cette situation est dramatique.Il nous faut une vraie politique municipale pour résoudre dans le bon sens terme ces problèmes fonciers et d’urbanisation.

15*- Si vous étiez Maire de Diawara, quel plan directeur mettriez-vous en place pour urbaniser pleinement votre commune ?

Si j’étais Maire de Diawara, je commencerais par une politique participative avec une grande transparence. Chaque enfant de Diawara aurait connaissance du Budget de la Mairie par exemple. Une vraie démocratie Participative. Les différentes séances du Conseil Municipal seraient ouvertes à tous.
L’intérêt général primerait sur tout. Je mettrais sur pied une Commission de Réflexion élargie ( Elus, Société Civile, Associations, Notables, Etat,…). Ladite Commission dégagerait des solutions concrètes sur le Foncier et l’Urbanisme à Diawara, dans l’intérêt de tous et non pour une minorité au gré des ntérêts partisans et personnels.

Il faut que nous ayons des visions très claires pour les générations futures. Cette Commission prendra 6 mois, voire 1 an de réflexion afin des dégager des solutions à court, moyen et long terme.

16*- Politiquement, vous militez dans le parti au pouvoir ( APR ), quel rôle jouez-vous au sein de ce parti de nos jours ?

C’est vrai, je fais partie des Membres Fondateurs de l’APR. Je suis Trésorier Général au sein de l’APR/ DSE ( Direction des Sénégalais de l’Extérieur ) qui coiffe toute la France, voire la DIASPORA.

17*- Les députés du département à savoir Ibrahima Sall, Bintou Diakho et dans une moindre mesure Samba KOITA ont pris fonction, peut-on compter sur eux pour l’essor politique, économique et social de notre département ?

Nous avons tous constaté que pour la première fois, notre Département n’est pas trop oublié. Et cela ne s’arrêtera pas là, Incha Allah. Trois Députés+ un Ministre ( Ibrahima SALL, Bintou DIAKHO, Samba KOITA ) et Abdoulaye Bathily, Ministre d’Etat.
Je crois à leurs compétences politiques. Donnons leur le temps. On verra les résultats à moyen terme.

18*- Si vous étiez à leur place, dans quels domaines mettriez-vous l’accent pour sortir le département de Bakel de l’ornière ?

Je mettrais l’accent sur la Santé ; Un Grand Hôpital départemental. Je me battrais pour des Infrastructures ; de Ballou à , puis une Connexion jusqu’à Bondji et Kidira. Egalement, je me battrais pour un vrai Lycée très bien équipé avec des Professeurs expérimentés.

19*- A quand le passage du témoin au niveau de la présidence du COREDIA ?

Le passage du témoin au niveau de la Présidence du COREDIA aura lieu dans un avenir proche. Comme j’ai dit, nous attendons que la jeune génération pour léguer cette association commune, en toute franchise. Que le Président soit Siabou ou un autre, c’est Diawara qui prime sur tout…La porte est ouverte à tous.

20- Votre dernier mot svp ?

Franchement, je remercie infiniment la population de Diawara. Nous avons été soutenus dans des moments très durs. La Gestion d’un Projet de 250.000.000 FCFA n’est pas une mince affaire. Nous avons connu des moments de pression très durs. Il fallait avoir l’oeil partout, tout contrôler, répondre aux attentes des ONG, de nos Partenaires. Un Grand Chapeau à tous les Membres du COREDIA, la Municipalité, et en particulier à le coordonnateur du Projet M. Modibo KOITA. Sans la population, le Projet Eau ne verra pas le jour. Toute ma reconnaissance envers les anciens du COREDIA qui se sont sacrifiés pendant des années.

Je lance un appel solennel à tous les jeunes de Diawara de venir rejoindre le COREDIA afin d’assurer la continuité. Beaucoup de défis les attendent. Gérer une association, est un Sacrifice énorme. Il faut avoir du coeur et de la volonté pour faire du bénévolat. Vous dépensez votre temps, votre vie personnelle, familiale, voire professionnelle et financière….

 Par Samba Fodé KOITA dit EYO, www.bakelinfo.com

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