Soninkara: riche de trois grands empires et de plusieurs petits royaumes Soninké

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Afin de revivre ces temps anciens, nous avons directement puisé à la source orale. Cela signifie que la légende l’emporte très souvent sur les faits historiques. Mais les légendes ont cela d’extraordinaire, qu’elles permettent aux hommes d’exprimer leurs rêves, de magnifier d’autres hommes, des héros, auxquels ils s’identifient, posant ainsi des repères pour les générations suivantes.

L’empire du Ghana est le premier Etat constitué dans le Haut-sénégal Niger. Fondé au IVè siècle avant J.C. par des bèrbères selon le Tarikh as soudan (Livre des chroniques Africaines), cet empire était dirigé par une dynastie noire, celle des Cissé appartenant au peuple sarakolé ().

L’un des premiers princes du Ghana est Cissé Tounkara ou Maghan de Kaïmou. Le Ghana appelé aussi le Wagadou était situé dans le Hodh en République actuelles de Mauritanie. La capitale de l’empire était .

D’après la descrtiption qu’en donne l’historien arabe El Bekri, la capitale Koumbi saleh comprenait d’une part la ville royale avec le chateau royal et les demeures des dignitaires construites en pierre avec une charpente en bois d’acacia, et des huttes de terre à toits arrondis.

Cet ensemble était entouré d’une enceinte…A côté, dans un bois sacré, vivaient les prêtres chargés des cultes. On y trouvait des idoles, des prisons et les tombeaux royaux où l’on enfermait avec la dépouille des souverains leus objest personnels, leus cuisiniers et fabricants de boissons chargés de les accompagner dans l’autre monde.

Selon les historiens l’empire du Ghana s’étendait de l’Atlantique à la boucle du Niger. L’empire atteint son apogée au XIè siècle après J.C. La gloire de l’empire fut faite sur l’or du wagadou – bida, le serpent sacré qui vivait dans la grotte, également sacrée, de Koumbi et qui exigeait chaque année le sacrifice d’une jeune nubile.

L’une des légendes soninké assure que l’or de l’empire du Ghana viendrait du serpent sacré auquel un jeune soninké trancha les septs têtes.

En effet, une année le sacrifice pour le Bida, tomba sur la fiancée de Sya Yattabaré. Ce dernier décida de tuer le serpent. Sya réussit à trancher au terme d’un combat immémorial les septs têtes du wagadou-bida.

Et les sept têtes tombèrent chacune en provocant un scandale géologique dévoilant de l’or en sept points de l’Empire : le Bouré, le Banibouck, le pays Lobi, celui de la Falémé, le Galam, le Bondoukou et l’Ashanti… Et depuis fut instituée une célébration du culte du serpent Bida.

Selon une autre légende soninké au terme de la célébration du culte Bida des grains d’or tombèrent avec la première pluie à l’intention des aristocrates de l’Empire.

Le souverain de l’Empire qu’on nommait le « Tounka » portait des vêtements spéciaux, des bijoux et des ornements ainsi que les principaux dignitaires, les autres membres de la société ne portaient que le pagne.

Devant le « Tounka » les sujets devaient se dévêtir, se prosterner et se couvrir la tête de poussière.

L’empire du Ghana perd d’abord ses vassalités sous la poussé almoravide. Au XIè siècle les almoravides vont attaquer à plusieurs reprises le Ghana mais la capitale ne tomba qu’en 1077 après une longue résistance.

L’Empire du Mali

Les origines de Soundjata Kéïta L’enfant buffle ou l’oracle réalisé Les feuilles de baobab Le retour d’exil et les quatres batailles terribles Kouroukan fougan ou la grande assemblée Au Mali, l’histoire la plus connue, la plus populaire est sans conteste la geste de sous l’Empire du Mali.

Transmise depuis des siècles et de génération en génération par les griots (spécialement des Kouyatés, à l’origine griots de la cour), la geste de Soundjata ne laisse pas beaucoup de maliens indifférents encore aujourd’hui.

Pour célébrer l’anniversaire de l’accession à l’indépendance en 1960 ou pour signaler un événement politique ou social majeur, les autorités politiques n’hésitent pas à recourir à cette page de l’histoire du Mali.

Il suffit que les airs mandingues qui l’évoquent, soient lancés sur les ondes de la radio nationale pour que tout un peuple se mobilise pour la cause nationale.

Pourtant le souverain le plus connu du Mali, à l’extérieur, est Kankou Moussa (1312-1337). C’est lui qui a fait rayonner le nom Mali qui était connu de la Mecque au Portugal en passant par le Caire et Constantinople (1).

De lui, il n’est resté aucune geste ; aucune chanson populaire ne l’évoque. C’est dans les livres d’histoire moderne sur l’Afrique que vous le découvrirez. Pour la postérité, le Mali c’est Soundjata Keïta.

La geste ci-dessous est une version parmi d’autres. Cependant les différentes versions ne divergent que sur des détails.

Les origines de Soundjata Kéïta

L’ancêtre des Keïta est Bilali, qu’on a surnommé « Djon Bilali » c’est à dire « Bilali l’esclave ». Il était attaché à un certain Boubacar Sidiki, citoyen de la Mecque, musulman et compagnon du Prophète Mohamed. Le dévouement de Bilali était tel qu’on disait de lui qu’il « travaillait comme un esclave » d’où « Djon Bilali ».

Convaincu que Bilali servirait bien la cause de l’Islam naissant, Boubacar Sidiki le recommanda au Prophète Mohamad qui l’adopta définitivement. La ferveur de Bilali à servir l’Islam fut sans relâche et ses appels à la prière étaient des moments d’intenses émotions.

Bilali engendra un fils du nom de Mamadou Kanou lequel eut trois enfants :

Kanou Simbon Kanou nyogon Simbo Lawali Simbon.

De Ouagadou (2) où ils étaient parvenus, les trois frères vinrent s’installer au Mandé (3). Ils cohabiteront avec les Traoré, les Konté, les Kamara etc (4).

De petites chefferies en royaumes, la communauté se développa et prit de l’ampleur. De commun accord, on choisit de se donner un chef, un roi.

C’est Lawali Simbon, le plus jeune des descendants de Bilali qui fut désigné par les oracles. Les deux frères aînés, Kanou nyogon Simbon et Kanu Simbon, indignés qu’on leur ait référé « un petit frère » abandonnèrent leurs parents.

Mais la pirogue dans laquelle ils avaient pris place pour traverser une rivière faillit échouer. On avait alors dit « Koulounyou bali » ce qui signifie « l’embarcation les en a empêchés ».

Kanou Simbon et Kanou nyogon Simbon seront appelés »Kouloubali ». Ce sont les ancêtres des actuels Coulibaly.

Lawali Simbon fut donc investi. Il engendra Massa Brémou; Massa Brémou (5) engendra Massa Brémou Dana ; Massa Brémou Dana engendra Bréma Kouma ; Bréma Kouma engendra Fara Maghan Kégni communément appelé Naré Maghan Konaté.

C’est Fara Maghan Kégni qui engendra Soundjata Keïta.

Le nom Konaté n’apparaît qu’avec Naré Famaghan ou Fara Maghan Kégni. La tradition enseigne que la femme qui fut à l’origine de ce nom passait pour stérile.

En langue malinké (la langue du Mandé, langue de la même famille que le ) une femme stérile se dit « Konan mousso ».

Evoquant donc cette femme, les mandéka (habitants du Mandé) disaient « Konan don » : c’est une (femme) stérile », jusqu’au jour où elle engendra un fils.

Alors les gens se reprirent en disant : « Konan tè » ce qui signifie « ce n’est pas une (femme) stérile ». Konanté était alors devenu le nom de son enfant.

On est tenté de croire qu’il s’agissait de Naré Maghan (ou Famaghan) Konaté car de tous ceux qui ont accédé au trône, il fut le seul à porter ce nom.

En tout cas c’est, dans la tradition orale, le seul dont les prénoms sont suivis de Konaté.

D’où vient alors que Soundjata, fils de Naré Maghan Konaté, soit appelé Soundjata Keïta? Keïta est une déformation survenue au moment d’établir l’état civil des autochtones pendant la colonisation. Keïta vient du malinké « A ti kè ta » = « il a hérité ».

Quand Soundjata accéda au trône après avoir déjoué tous les complots qui visaient à l’en empêcher, ses partisans s’écrièrent « Soundjata ti kè ta » était à la longue devenu Soundjata Kèta.

La tradition orale est parfois réservée lorsqu’il s’agit d’évoquer la descendance de Soundjata Keïta. En effet, l’empereur avait certes des épouses légitimes qui ont assurées sa descendance directe.

Mais il n’était pas rare que les nobles, les hauts dignitaires ou les vassaux fassent honneur au fils de Naré Maghan lors de ses tournées.

Les enfants issus de telles liaisons portaient aussi le nom de l’empereur, mais ils ne pouvaient en aucun cas prétendre au trône. D’ailleurs la tradition dit de ces princes « cachés » qu’ils étaient les enfants de la « femme-génie »(au sens de fée) du Souverain.

Dans la lignée directe de Soundjata, on retient quatre hommes :

Djourounin Kon Komamadi Siga Diala Niama Massa Mamourou

C’est Niama Massa Mamourou, pour une raison que la tradition n’évoque pas, qui fut retenu par l’histoire comme celui qui a continué la lignée directe de Soundjata. Les enfants de ce Mamourou au nombre de 5, sont connus sous l’appellation « les 5 hommes de la lignée de Mamourou ».

Cette précaution oratoire (ou précision) vise sans doute à éviter toute confusion ou toute tentative de falsification des faits.

Les cinq de la descendance de Niama Massa Mamourou furent :

Fa Bandiougou Wassa Bougari Founèdougou Komagan Massa Kourou Massa Ganda

Si un Keïta d’aujourd’hui voudrait se réclamer de la lignée directe de Soundjata, il devra établir qu’il est descendant d’un des cinq fils de Massa Mamourou.

Les Konaté sont les descendants des frères de Soundjata ou de ses oncles qui n’ont pas régné. Puisqu’ils n’ont pas hérité du trône (Kè ta ou Keïta) ils sont donc restés Konté.

Il est intéressant de savoir qu’aujourd’hui encore, un Konaté peut répondre au nom Keïta si on le salue de cette façon (6) mais on ne dira jamais Konaté à un Keïta. Suite…

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L’enfant buffle ou l’oracle réalisé

En ce temps-là, Naré Maghan Konaté régnait sur le Mandé. Le roi était vieillissant et n’avait toujours pas eu d’héritier. Or un buffle légendaire ravageait les contrées ; il avait déjà tué les chasseurs les plus intrépides.

Il s’agissait en fait d’une vieille femme qui, pour se venger des mauvais traitements et injustices qu’elle avait subis, se transformait en buffle invulnérable. Deux jeunes chasseurs partis à sa recherche, la rencontrèrent sous sa forme humaine.

Comme elle portait un fardeau, les deux jeunes hommes lui portèrent secours. Attendrie, la vieille femme leur révéla son secret et se laissa tuer, après que les chasseurs lui eurent fait la promesse de prendre comme femme une certaine Sogolon Koudouma (Sogolon la bossue) qui serait son double, elle aussi méprisée pour sa laideur et son handicap physique.

Sogolon était, elle aussi douée dans la sorcellerie. Apeurés, les frères chasseurs, Oulamba et Oulani, décidèrent de conduire la jeune fille au roi Naré Famaghan.

A la cour, les devins n’eurent aucune peine à reconnaître en Sogolon, la future mère de celui qui sauverait le Mandé d’après les oracles.

Naré Famaghan épousa Sogolon qui conçut. Comme par miracle, la première femme du roi conçut, elle aussi, presque en même temps que Sogolon Koudouma. Neuf mois plus tard, c’est la première épouse, Sassouma Bérété, qui accoucha la première d’un garçon. Les matrones venues l’annoncer au roi, décidèrent d’abord de se régaler à la cour.

Entre-temps, Sogolon connut la délivrance en donnant naissance à un autre garçon. Les matrones de celles-ci furent les premières à annoncer la nouvelle au roi qui décida que l’enfant de Sogolon était l’aîné. De cet épisode naîtra toute la haine que Sassouma Bérété va nourrir contre Sogolon et son fils.

Mais le sort voulut que le fils de Sogolon naisse paraplégique. Quand le roi mourut, c’est donc son demi-frère Dankaran Touma qui accéda au trône.

Sogolon fut recluse dans l’arrière cour du Palais

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Les feuilles de Baobab

Un jour, Sogolon, qui manquait de tout, vint demander à Sassouma quelques feuilles de baobab pour préparer une sauce. Elle essuya les sarcasmes et l’humiliation de sa co-épouse. Informé de cet affront, Soundjata décida, après 7 ans pass

és à ramper, de marcher. On lui apporta un bâton taillé d’un arbre que les malinkés appellent « Sounsoun » et que les devins avaient indiqué.

Quand Soundjata, après mille efforts et mille souffrances, se souleva enfin, sa mère chanta la chanson que les griots fredonnent encore aujourd’hui.

« Sortez, femmes du Mandé, sortez ! Soundjata a marché ! Venez contempler le lion, Le fils de Sogolon a marché ! Jour mémorable, jour de gloire, le seigneur Dieu n’a jamais crée un jour semblable à celui d’aujourd’hui« 

Marchant derrière son fils qui esquissait ses premiers pas, elle entonna la chanson suivante.

« Ecoutez le bruit des pas de celui qui est pareil Au grand oiseau tapi dans Le buisson touffu ! Le bruit des pas du souverain s’entend au loin ! »

Soundjata arracha le baobab tout entier qu’il vint déposer à la porte de sa mère.

Paniqués, Sassouma et son fils – roi se résolurent à chercher protection auprès du terrible Soumangourou Kanté, roi – magicien – sorcier du Sosso qui terrorisait le Mandé. Sogolon et Soundjata furent contraient à l’exil.

LE RETOUR D’EXIL ET LES QUATRE BATAILLES TERRIBLES

Loin d’épargner le Mandé, Soumangourou accentua ses exactions face à un roi mou. C’est alors qu’on fit appel à Soundjata pour qu’il vienne libérer le Mandé conformément aux oracles.

Soundjata revint organiser l’armée et entreprit de combattre Soumangourou.

Il y eut 4 grandes batailles, toutes perdues par Soundjata entre 1228 et 1235 :

La bataille de Kounkounba La bataille de Bantamba La bataille de Niani – Niani La bataille de Kama siga.

Les griots (chanteurs et chanteuses) passent rapidement sur ces événements qui évoquent les périodes les plus dures du Mandé. Mais chaque nom de bataille est évocateur.

Kounkoumba signifie en malinké (langue du Mandé) : « Kouléba lon » c’est à dire « le jour des cris terribles ».

Bantamba provient de « banniba lon » c’est à dire « le jour de la grande tuerie » Niani-Niani veut dire « nianiba lon » : « le jour des grandes souffrances » Kama siga vient de « siga lon » : « le jour du (grand) doute

LA BATAILLE DE KIRINA (1235)

Puisque Soumangourou ne peut être vaincu par la force, il faudra utiliser la ruse.

C’est à cette conclusion qu’arrivèrent les Mandéka (population du Mandé).

Soundjata envoya ainsi sa sœur à Soumangourou comme épouse pour sceller, dit-il, l’amitié entre le Mandé et le Sosso (royaume de Soumangourou).

La sœur de Soundjata s’appelait Nana Triban. Elle était accompagnée d’un griot dont le rôle était d’endormir la méfiance du roi – sorcier par la musique que celui-ci adorait et de veiller sur la sœur de l’empereur du Mandé. Nana Triban arriva à percer le secret de Soumangourou : le roi du Sosso est vulnérable à une flèche au bout de laquelle on aura placé un ergot de coq blanc.

Fort de cette révélation Soundjata déclara la guerre à Soumangourou après que Nana Triban et le griot eurent réussi à s’enfuir et à regagner le Mandé. A la bataille de Kirina, Soumangourou perdit ses pouvoirs dès que la flèche fatale l’eut touché.

Sentant sa fin, il s’enfuit à bride abattu pour se réfugier dans les grottes du Nianan de Koulikoro à plusieurs dizaines de kilomètres de Kirina. De ce jour, on n’entendit plus parler de lui.

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KOUROUKAN FOUGAN OU LA GRANDE ASSEMBLEE

Après la victoire, Soundjata Keïta, ses généraux et tous les dignitaires de l’empire se réunirent à Kouroukan fougan pour les fondements d’une société durable.

Ainsi la société fut divisée en 30 clans :

16 clans d’hommes libres appelés « Tontigui » (porteurs de carquois)

4 clans de griots dont les Kouyaté, griots de cour, qui jouent le tout premier rôle. D’ailleurs, la tradition affirme qu’aucun autre griot n’égale un Kouyaté.

5 clans d’artisans dont les forgerons (les Fané surtout) qui avaient la maîtrise du travail du fer, et les cordonniers.

5 clans de marabouts qui exerçaient l’autorité religieuse musulmane dans un empire, où les pratiques magiques liées à l’animisme étaient pourtant courantes. Ces 5 familles de marabouts étaient : les Cissé, les Touré, les Diané, les Bérété et les Kouma.

Le clan des esclaves regroupait les prisonniers de guerres ou des personnes mises en gage contre une dette qui n’a pu être honorée. Il faut noter dans ce clan qu’on appelle encore aujourd’hui les « wolosso », qu’il s’agit de tous les enfants nés de parents esclaves dans la maison du maître. Les « wolosso » bénéficient de plus de liberté que leurs parents. Il n’est pas rare d’ailleurs que le maître leur donne son nom de famille même s’ils restent toujours esclaves.

Excepté les esclaves, l’organisation de la société en clans n’était pas une hiérarchisation, mais le partage des responsabilités.

A ce titre un « Tontigui » n’était pas supérieur à un griot : ils n’avaient pas simplement les mêmes fonctions sociales.

D’ailleurs la tradition souligne qu’il a fallu agrandir le clan des griots en leur adjoignant des familles de « Tontigui » (porteurs de carquois) pour que les dépositaires de l’histoire et des traditions du Mandé soient plus nombreux et que les chances que le nom du Mandé parvienne aux générations futures, soient plus grandes.

L’interdiction de certains mariages interclaniques comme « Tontigui – griot », répondait au souci de sauvegarder la structure sociale et non point à un critère de supériorité comme on le fait croire aujourd’hui.

Au Mandé, la valeur essentielle était le travail ; c’est le travail qui honorait. C’est ce message que lance, comme un défi à tout le Mandé, la chanson composée en 1255, à la mort de Soundjata. Cette chanson, qui existe encore, dit :

« Que ceux qui savent cultiver s’adonnent à l’agriculture Que ceux qui savent commercer s’adonnent au négoce Soundjata s’en est allé« .

Posté   le 23 Dec 2006   par   coolmiss

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