Mémoire – L’Afrique répond à Sarkozy, contre le discours de Dakar

Google+ Pinterest LinkedIn Tumblr +

Collectif sous la direction de Makhily GASSAMA

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne, Nicolas Sarkozy a prononcé son discours fondateur de la nouvelle politique africaine de la France. Le ton se voulait amical, un salut fraternel adressé aux jeunes d’Afrique. Mais derrière les paroles lénifiantes sur « l’âme de l’Afrique » ou la « Renaissance africaine » qu’il appelait de ses vœux, le président français a tenu des propos qui ont profondément blessé les Africains. Il y a eu, bien sûr, le désormais légendaire « paysan africain », selon Sarkozy, qui « ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles »… Mais aussi, comme certains l’ont noté, dans le ton parfois conciliant du discours, une manière sournoise de réévaluer l’œuvre de la colonisation : « [Le colonisateur] a pris, mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. » Aucun signe de repentance qui aurait libéré le dialogue… Par contre le ton, à la fois paternaliste et arrogant, avait surpris et irrité…

Passé ce moment d’exaspération, un groupe d’intellectuels africains ont décidé de donner la réplique en attirant l’attention sur les vrais enjeux, sur les questions essentielles qui interpellent le vieux continent… Quelle est la responsabilité réelle des Africains dans les souffrances intolérables qu’endurent les populations (violences génocidaires, guerres fratricides, dictatures, gaspillage et pillages des ressources, persistance du pacte colonial, etc.) ? Quelle place pour l’Afrique dans la mondialisation ? Comment lutter contre la collusion de l’État français avec les dictateurs du continent ? Comment mettre un terme aux affreuses manipulations des Indépendances par la classe politique française? Comment combattre le révisionnisme sournois qui réécrit l’histoire de la Traite négrière et de la colonisation ? Pourquoi des arguments racistes peuvent-ils être développés en terre africaine par le chef d’État d’une puissance moderne, d’un pays colonisateur de surcroît ? Quels effets de tels propos peuvent-ils avoir sur la jeunesse africaine en risquant de l’enfermer dans des clichés éculés ?

Ces vingt penseurs et artistes ont décidé de combattre avec vigueur (et rigueur !) les arguments de Nicolas Sarkozy et, surtout, d’élargir le débat aux véritables défis pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.

Liste provisioire des auteurs

 

  • Zohra Bouchentouf-Siagh : professeur de linguistique et de littérature française et francophone (Alger, Vienne)
  • Demba Moussa Dembélé : économiste (Dakar)
  • Mamoussé Diagne : essayiste, professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
  • Souleymane Bachir Diagne : essayiste, professeur (Dakar, Chicago)
  • Boubacar Boris Diop : écrivain (Dakar)
  • Babacar Diop Buuba : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
  • Dialo Diop : médecin biologiste (Dakar)
  • Makhily Gassama : essayiste (Dakar)
  • Koulsy Lamko : écrivain, professeur (N’Djaména)
  • Gourmo Abdoul Lô : avocat, professeur (Nouakchott, Le Havre)
  • Louise-Marie Maes Diop : géographe (Dakar)
  • Kettly Mars : romancière (Haïti)
  • Mwatha Musanji Ngalasso : essayiste, professeur (Université Montaigne, Bordeaux)
  • Patrice Nganang : écrivain, essayiste, professeur (Cameroun, USA)
  • Djibril Tamsir Niane : écrivain, historien (Conakry)
  • Théophile Obenga : égyptologue, linguiste, historien, professeur (France, Université d’État de San Francisco USA)
  • Raharimanana : écrivain (Madagascar)
  • Bamba Sakho : docteur en sciences, chercheur (France)
  • E. H. Ibrahima Sall : économiste
  • Mahamadou Siribié : doctorant en Science politique (Nice, France)
  • Adama Sow Diéye : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
  • Odile Tobner : professeur (Cameroun, France)
  • Lye M. Yoka : professeur (Kinshasa) 
Posté   le 24 Feb 2008   par   Fatou, une

Share.

About Author

Comments are closed.