Woodside a-t-elle corrompu des responsables mauritaniens?

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Le ministre australien de la Justice, Chris Elisson, a ordonné à la police fédérale l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Woodside pour «corruption». Le ministre accuse la société pétrolière d’avoir «versé des pots de vin et de l’argent liquide à des responsables mauritaniens en échange d’avantages qui lui ont été accordés dans les contrats de partage de production et d’autres marchés douteux».Ce que Elisson considère comme «une corruption dans le but de piller les ressources d’un pays pauvre en Afrique de l’Ouest», selon le journal économique australien The Age. Interrogé par les enquêteurs, un responsable de la société a formellement nié le fait que Woodside ait payé quoi que ce soit à un responsable mauritanien, rappelant que le litige entre les deux parties, qui avait éclaté l’année dernière à propos des avenants aux contrats de partage, a été réglé «à l’amiable».Le ministre australien détient certainement des informations de première main pour s’engager dans une procédure comme celle-là. Et il sait aussi que dans le domaine pétrolier les dessous de table et la corruption sont monnaie courante, particulièrement dans les pays en développement où les dirigeants n’hésitent pas à brader des intérêts stratégiques pour quelques liasses.Et comme pour confirmer les soupçons du responsable australien, le journal français ‘La Lettre du Continent’ (publication destinée à l’élite politico-financière, disponible uniquement sur abonnement et dont le directeur est considéré comme l’un des grands spécialistes de la France-Afrique) a sorti une information selon laquelle Woodside, qui a enregistré «une grosse déconvenue» avec la baisse de la production et la hausse du taux de souffre dans le brut, «a payé 300 millions de dollars ‘d’amende’ au nouveau régime (de la transition, NDLR) dont seulement 100 millions$ ont atterri dans les caisses du Trésor».

Malgré ces informations d’une extrême gravité, rien ne semble perturber la quiétude des mauritaniens. L’Etat fait semblant de ne pas s’intéresser à la question. Pourquoi n’ordonne-t-on pas une enquête pour situer les responsabilités, connaître le rôle précis joué par les intermédiaires étrangers dans l’affaire, entendre ceux qui ont négocié avec Woodside et collaboré avec le gouvernement australien pour faire éclater la vérité?

Les révélations du PM

Zeine Ould Zeidane a accordé une série d’audiences aux leaders des partis politiques de l’opposition. L’objet de ces rencontres était d’entretenir les chefs de partis sur la situation chaotique des finances publiques, sur la drogue et l’assainissement de l’administration.
Sur la question des finances publiques, le premier ministre a signalé que la situation est préoccupante. Car, renchérit-il, à la fin du premier trimestre de cette année, plus de 50% des budgets alloués aux secteurs et départements publics a déjà  été dépensée.

S’ajoutent à cela les engagements budgétaires pris à la fin de transition qui engloutiront les caisses du trésor public. Des caisses qui se portaient plutôt bien selon Sidi Mohamed Ould Boubacar, qui aurait sans nul doute oublié le règlement des factures engagées par son gouvernement. Une telle situation va empirer quand on sait que les recettes prévisionnelles de la manne pétrolière diminueront d’au moins de 70 millions de dollars à cause de la contre-performance de la compagnie australienne, qui ne produit plus que 20 à 25 baril/ jours au lieu des 60 barils / jour que Woodside avait prévu au début de ce qui s’est avéré âtre aujourd’hui une illusion pétrolière.

Par rapport aux solutions à entreprendre, Ould Zeidane aurait évoqué deux hypothèses. La première serait de s’inspirer de la méthode adoptée par Sidi Mohamed Ould Boubacar lors de sa nomination au premier ministère par la junte militaire et dévoiler publiquement la gravité de la situation. Cette option risque de décevoir encore une fois les partenaires au développement et faire perdre une confiance qu’on avait cru bien rétablie.

La seconde hypothèse qui semble avoir été retenue est d’informer les forces politiques sur la situation et se concerter avec elles des voies et moyens à même d’assainir cette situation. C’est ainsi que l’on parle d’une loi rectificative des finances, de mesures d’austérités…etc.

S’agissant du dossier de la drogue, le premier ministre a noté la mise sur pied d’une commission administrative et la ferme volonté de son équipe à éradiquer ce phénomène et en démanteler le réseau, quel que soit sa constitution.

Assainir l’administration

Lors de ces rencontres, et pour ce qui est de l’assainissement de l’administration, Zeine Ould Zeidane a exprimé son ambition qui sera selon lui traduite dans les faits par l’émergence d’un fonctionnariat compétent et intègre. Il s’agit, dit-il, de privilégier le recrutement par voie de concours ouvert où la transparence sera de mise pour accéder à une charge publique. Ainsi, dira-t-il, se poursuivra la mise à l’écart de tous les fonctionnaires dont la gestion a été jugée douteuse durant ces dernières années.

Le Calame

Posté   le 31 May 2007   par   biko

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