Pêche continentale et aquaculture à Bakel : De réelles chances de développement de la pisciculture

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À , on assiste à un spectacle désolant, parce que les poissons se meurent au niveau des mares. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer la mortalité des poissons de la mare de Darou Salam située au cœur de la ville et de celle de Gassambilahe, selon les techniciens. Mais en changeant de comportement et en rectifiant les choses, on peut y réussir la pisciculture. Et il le faut d’autant plus que le relief de Bakel ne permet pas de développer certaines activités.

À Bakel, un département encastré entre les montagnes et traversé par le Fleuve Sénégal, le ministre d’Etat, ministre de l’Economie maritime Djibo Leïty Ka devait visiter l’ancienne station piscicole, dans le dessein de relancer l’activité de la pisciculture. Mais les espoirs ont été déçus. Les caractéristiques de ce site dressé sur un tapis de terre ocre quasiment plane et entouré de pierres de toutes les calibres ne sont pas propices à l’élevage des poissons.

La principale difficulté est que le taux d’infiltration de l’eau y est très élevé. Un impair qui avait d’ailleurs découragé les volontaires de l’USAID qui avaient financé le projet. Non content de ce qu’il a vu, le ministre d’Etat pique une colère noire contre le responsable régional de la pêche de Tambacounda. « C’est pour ce cela que vous m’avez fait venir ici ? », peste Djibo Leïty Kâ à l’endroit du jeune Baïdy Dieng. Et pour sauver sa peau et convaincre son ministre de tutelle que Bakel a belle et bien des prédispositions pour la pisciculture, il sort des photos sur lesquelles gisent de petits poissons. Sans sourciller, Baïdy Dieng commence son entreprise de persuasion.

« M. le ministre, il y a des mares ici à Bakel. Mais les poissons y meurent. Si on les entretient bien, ça ira », souligne le jeune homme avec la détermination d’un bûcheron devant un gigantesque arbre. Et sans tarder la délégation ministérielle remonte à bord des véhicules qui roulent au pas sur le parterre de pierres de couleur ocre. On se faufile entre les montagnes en admirant la belle vue offerte par l’espace panoramique du Fleuve Sénégal et dans lequel on pouvait apercevoir des femmes et enfants, torses nus, laver le linge et se baigner en toute sérénité. Après quelques kilomètres de route, nous voici arrivés à la mare de Darou Salam qui se trouve au cœur de Bakel. Celle-ci offre un spectacle désolant contrairement aux autres sites visités dans le département de Podor et de Matam.

La situation est simplement à déplorer dans ce lieu. Ce qui se passe ici est tout bonnement un désastre écologique. Les poissons du marigot meurent asphyxiés par les eux polluées du fait des mauvaises pratiques des populations de la zone.

En effet, cette mare, empestée, qui est pourtant un havre de paix pour les chiens et les oies qui s’y désaltèrent et se rafraîchissent, est transformée en un dépotoir d’ordures. Il est pollué par les objets usagés qui y sont jetés.

Pour le jeune responsable régional de la pêche de Tambacounda, Baïdy Dieng, si on met un terme à toutes ces mauvaises pratiques, cette mare pourrait conserver autant d’eau toute l’année qui serait en mesure d’être utilisée dans l’ambitieux programme de la pisciculture. Pour donner plus de poids à son argumentaire, il ressort ses photos truffées de cadavres de poissons pour parler des variétés qui y meurent intoxiquées par les ordures ménagères.

Et le ministre d’Etat de profiter de l’occasion pour inviter les populations et les autorités à préserver cette ressource hydrique.

« Je suis convaincu que l’avenir, c’est dans la pisciculture. On va mettre à votre disposition des agents. Des fils babelés seront dressés ici. M. le maire, aidez nous. On veut travailler », souligne -t-il à l’endroit de Sory Bâ, premier adjoint à l’édile de la ville de Bakel.

Mare de Gassambilakhe : Préserver la vie des poissons

La situation qui prévaut à la mare de Gassambilahe est tout aussi alarmante. De tout petits poissons asséchés gisent sur le sol argileux et craquelé en vallon qui s’étend à perte de vue. La raison de la mortalité de ces alvins est à la fois naturelle et humaine. La mare qui est utilisée pour les activités de maraîchage, s’étant asséchée, ces poissons ont été laissés à eux -même, sans soutien de la part des populations. « C’est un crime », se plaint le ministre d’Etat, ministre de l’Economie maritime Djibo Kâ devant ce spectacle désagréable à voir. Des tuyaux reliés à des motopompes témoignent de l’utilisation importante de l’eau par les maraîchers de la zone dont les plantes se meurent également. « Il faut créer un comité d’étude entre les services du ministère de l’Economie Maritime, du ministère de l’Hydraulique, du ministère de l’Equipement, de la SAED (Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé) etc. », suggère Djibo Kâ au préfet de Bakel, Cheikh Boucounta Guèye. Les techniciens de ces services vont donc procéder à des études sur les caractéristiques de la mare. « Si c’est viable, on va faire venir l’eau pour la pisciculture», a promis le ministre d’Etat.

Promotion des activités piscicoles

Au cours de la rencontre avec les professionnels du secteur de la pêche dans la salle des fêtes des Bakel, Djibo Leïty Kâ a expliqué les motifs de sa visite et demandé aux populations de s’impliquer à fond dans les activités piscicoles. « Je suis venu au nom du président de la République. Le fleuve Sénégal nourrissait les populations riveraines, mais ces derniers temps, il y a des problèmes. Le président m’a demandé de venir s’enquérir de votre situation. Des projets de pisciculture sont prévus là où il y a de l’eau. Il y a un plan d’action pour relancer la pêche continentale et l’aquaculture ». Et M. Ka d’ajouter : « Dans la région de Tambacounda, il y a un important programme. Mais on ne peut rien faire sans vous. Le gouvernement est là pour améliorer votre cadre de vie. Il paraît que vous refusez le développement, mais nous allons vous développer », a-t-il souligné Djibo, en ajoutant qu’il va affecter deux agents dans le département de Bakel pour prendre le relais du jeune volontariste Baïdy Dieng qui bravait environ 250 km de route pour venir ici. On doit absolument développer la pisciculture à Bakel. Selon Madiouf Dramé, le fleuve Sénégal a du poisson, mais ils sont petits. En plus de ce problème, il faut dire que ce département caractérisé par un relief accidenté avec des montagnes et des marbres massifs de toutes catégories n’est pas propice à certaines activités de développement. Et comme il y a des prédispositions avec ces mares remplies de poissons, il suffit de changer le comportement des populations et d’adopter les projets de l’Etat, initiés dans le cadre de la relance de la pêche continentale et de l’aquaculture pour qu’un grand pas soit ainsi franchi pour bouter la pauvreté hors de Bakel.

Reportage de JOSEPH BIRAME SÈNE

Le Soleil

Posté   le 25 Dec 2006   par   doudou

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