Aimé Césaire: Le portrait du chantre de la Négritude

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L’écrivain martiniquais est sans doute l’un des plus grands poètes du XXème siècle, dont la vision du monde et l’énergie créatrice ont marqué à jamais la littérature française et mondiale.

Un élève brillant

Né à Basse-Pointe en Martinique le 26 juin 1913, Aimé Césaire s’affirme très tôt comme un élève brillant. Il est âgé 18 ans quand, détenteur d’une bourse, il débarque à Paris afin de suivre des études secondaires au lycée Louis le Grand. C’est là qu’il se lie avec le futur président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, au contact duquel il découvre l’Afrique et les musiciens noirs-américains. Durant cette période, « il se décolonise de l’intérieur  », dira-t-il plus tard.

Avec Senghor, ils redécouvrent la phrase du philosophe allemand Hegel qui affirme que « ce n’est pas par la négation du singulier que l’on va à l’Universel, mais par l’appronfondissement du singulier  ». Et Césaire de conclure : « Tu vois, plus nous serons Nègres, plus nous serons des Hommes ». Admis à l’Ecole normale, Césaire devient président de l’Association des Etudiants Martiniquais en 1934 et fonde le journal L’Etudiant noir.

Le chemin de la

Toujours accompagné de Senghor, mais également de et de Gilbert Gratiant, il jette pour la première fois les bases du concept de Négritude. Par ailleurs, aux côtés du Sénégalais , il est l’un des pères fondateurs des Editions Présence africaine, dont la vocation est de donner un moyen d’expression aux auteurs d’Afrique, des Caraïbes et de l’océan Indien.

L’homme politique

De retour en Martinique, il est élu député en 1945 sous l’étiquette du Parti communiste français (PCF). Il travaille aussitôt à l’élaboration d’un nouveau statut pour les quatre anciennes colonies que sont la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion.
La même année, il devient maire de Fort-de-France. Sans cesse plébiscité par les Foyalais, il occupera ce poste pendant plus d’un demi-siècle, marquant la première ville de la Martinique d’une empreinte indélébile.

Départements d’Outre-mer

Lorsque Césaire se présente à l’Assemblée nationale le 12 mars 1946, il place la République française devant ses responsabilités : « entre désintégration et intégration, il y a de la place pour l’invention. Nous sommes condamnés à inventer ensemble ou à sombrer, et pas forcément pavillon haut  », s’exclame-t-il. Une semaine plus tard, les départements d’Outre-mer naissent officiellement et Césaire prend déjà sa place dans l’Histoire.

Fondation du Parti progressiste martiniquais

De l’immense bidonville hérité de la colonisation, Césaire fera une capitale digne de ce nom. « J’aime construire, j’aime bâtir. Nous, les Nègres qui avons beaucoup subi, devons apposer notre empreinte sur la civilisation universelle », martèle l’écrivain. En 1956, année de l’invasion de Budapest par les chars de l’Armée rouge, il dénonce « la rude main de Staline » et met un terme à son engagement au PCF. Décidé à forger chez les Martiniquais une conscience libre et citoyenne, il fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM).

L’écrivain

L’action politique de Césaire, poète et essayiste engagé, se retrouve dans ses écrits. Il entamera très tôt un long réquisitoire contre l’exploitation coloniale, le racisme et l’absence de développement qui en découlent. Avec le Discours contre le colonialisme en 1950, il œuvre pour le réveil des identités culturelles, la dignité humaine et la responsabilité historique des peuples. Il dénonce l’oppression exercée par l’Occident sur le Tiers-Monde. En 1941, il fonde à Fort-de-France la revue Tropiques, aux côtés de René Ménil et d’Aristide Maugée.

Une logique universelle

Avec le concept de Négritude, Aimé Césaire inscrit son discours dans une logique résolument universelle. Il réaffirme à tous les déracinés et descendants d’esclaves la grandeur de la civilisation africaine qu’il veut source de fierté pour tous les Noirs.

En 1939 déjà, avec , il amorce sa quête identitaire et pousse « un grand cri nègre ». L’ouvrage deviendra une source de référence incontournable pour tous les intellectuels des diasporas noires dans les décennies qui suivront. Subjugué par l’universalité de Césaire et par sa poésie surréaliste, l’écrivain français André Breton l’édite et le préface.

La quête de l’imaginaire

Dans une langue irréprochable, enrichie par des expressions issues de l’univers caribéen, la poésie de Césaire s’affirme dans un style qui fascinera également . Pour l’écrivain martiniquais, « la quête surréaliste permet de descendre au plus profond de soi-même et de libérer l’imaginaire du carcan de la langue  ». De manière générale, il affirme que « la poésie est la réappropriation de nous par nous-mêmes ».

L’homme de théâtre

Césaire politique, Césaire poète, mais aussi Césaire homme de théâtre. A partir des années soixante, il rédige différentes pièces dans lesquelles l’émancipation, l’Afrique et le héros noir sont au centre de ses préoccupations. Avec La tragédie du roi Christophe (1963), (1965) ou encore Une tempête (1970), il s’impose comme un dramaturge internationalement reconnu.

Insatiable combattant

Traduits dans de nombreuses langues, les ouvrages d’Aimé Césaire sont depuis longtemps l’objet de colloques et de conférences. L’Unesco lui a ainsi rendu un vibrant hommage en 1997. Apre défenseur de la Négritude, insatiable combattant pour la désaliénation des peuples, le poète est celui de « la Fraternité universelle  », pour reprendre une expression de Senghor. Figure de proue pour de nombreux auteurs contemporains, Aimé Césaire a défriché le terrain sur lequel est née la créolité d’une nouvelle génération d’auteurs, à l’instar de Patrick Chamoiseau et de Raphaël Confiant.

Principaux ouvrages:

  • – Cahier d’un retour au pays natal, Présence africaine, Paris, première édition en 1939.
  • , Gallimard, Paris, 1946.
  • , Edition K, Paris, 1948.
  • , Editions Fragrance, Paris, 1949.
  • – Discours sur le colonialisme, Editions Réclame, Paris, 1950. Réédité par Présence africaine en 1956.
  • – La tragédie du roi Christophe, Editions Présence africaine, Paris, 1963.
  • – Une saison au Congo, Editions du Seuil, Paris, 1965.
  • – Moi, Laminaire, Editions du Seuil, Paris, 1982.
  • – Nègre je suis, nègre je resterai (entretiens avec Françoise Vergès), Editions Albin Michel, Paris, 2005.

Source: RFO

Posté   le 18 Apr 2008   par   doudou

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