L’Ouguiya : Les chiffres qui font peur en Mauritanie

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La présente étude est le résultat d’une analyse objective des données de l’économie mauritanienne qu’on peut trouver sur les différents sites et portails de départements concernés (BCM) ; notamment en ce qui concerne la monnaie.

La structure du tissu économique du pays impose une réalité que tout dirigeant -et même tout simple citoyen- doit connaitre et suivre de près pour éviter au pays une situation désastreuse.

En effet, la Mauritanie se caractérise par une dépendance totale des échanges commerciaux avec l’extérieur, car elle importe pratiquement tout ce qu’elle consomme et exporte tout ce qu’elle produit. Ces échanges, aussi bien à l’export qu’à l’import, ne peuvent évidemment se réaliser qu’avec des monnaies étrangères, et principalement le dollar américain.
Devant cette situation de double dépendance, le rôle de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) est capital dans le rapatriement et la distribution des devises. L’impact sur la vie quotidienne des mauritaniens, dont les produits alimentaires, les carburants, les médicaments utilisés et les matériaux de construction sont tous importés, n’est plus à démontrer. Les secteurs vitaux que sont l’alimentaire, le transport, la santé et l’habitat sont tous tributaires de la gestion de ce secteur.

Les sources commerciales de devises pour la Mauritanie se limitent essentiellement à trois secteurs d’exportation : les produits miniers (fer, cuivre et or), le pétrole et le poisson. En plus de l’exportation, les partenaires au développement contribuaient aussi à alimenter le pays en devises, à travers les différents projets.

Depuis 2005, grâce aux efforts menés, la situation des réserves et les conditions d’octroi des devises se sont considérablement améliorés avec la mise en place d’un marché de change et une régulation des achats et vente de devises par la BCM. Cette politique a su gagner la confiance des opérateurs mauritaniens et même étrangers, par la stabilité de la monnaie et la disponibilité des devises.

Cette politique a été couronnée par l’installation de deux banques françaises (BNP PARIBAS et Société Générale) et par de multiples demandes d’agréments formulées par d’autres opérateurs. Dans un élan d’optimisme, bon nombre d’intervenants dans le secteur laissaient croire que cette question de devises était un problème dépassé.

Malheureusement quelques informations alarmantes tirées du site internet de la Banque Centrale de Mauritanie font état, aujourd’hui, d’une remise en cause de tous les acquis de la stabilité de la BCM et d’une forte probabilité d’une crise sans précédent dans le court terme.

La valse de changement de dirigeants des institutions de l’Etat, le manque de vision et de visibilité des autorités actuelles, ajoutés à la crise mondiale qui a frappé les principaux secteurs d’exportation du pays, sont certainement les ingrédients de la situation actuelle de la BCM.

Ainsi, le niveau de satisfaction par la BCM des demandes de devises a atteint des taux très inquiétants (5,3% de couverture en moyenne pour le mois de février dernier), contre 100% au mois de juillet 2008 !

Dans ces conditions, l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité pour les mauritaniens risque d’être compromis, mettant ainsi notre pays dans une situation de grave précarité. Le record de ce désastre a été vécu le lundi 2 février 2009, où sur une demande de 71 millions de $ la BCM n’a pu fournir que 100 mille $ soit 0,14% de couverture (voir tableau) !

Certaines banques étrangères ont offert jusqu’à 800 UM pour un dollar pour avoir des devises, sans trouver de vendeur. Toute la confiance instaurée jadis par la BCM s’est totalement effondrée vis-à-vis du système bancaire.

Sur un autre plan, le cours de la monnaie nationale par rapport au dollar qui s’était nettement amélioré au cours du premier semestre 2008 par une hausse continue de l’Ouguiya par rapport à la monnaie américaine (ce qui s’est traduit par un renforcement du pouvoir d’achat des consommateurs), s’est rapidement détérioré à partir d’août 2008 avec une baisse considérable de la valeur de l’Ouguiya à l’échange avec le dollar.

Le cours du marché noir des devises qui était presque identique à celui de la BCM s’est complètement décroché avec des différences de plus de 10%, exposant la BCM à une forte pression conduisant à la corruption, à la distribution arbitraire des devises et une pagaille sans précédent dans le marché de change. L’accalmie factice que les autorités espéraient de l’injection par les libyens de quelques dizaines de milliers de dollars n’a été qu’une chimère. L’ouguiya poursuit sa chute catastrophique.

Cette situation risque de rendre notre pays insensible à la baisse importante du prix des matières premières dans le monde et d’empêcher nos concitoyens d’alléger le lourd fardeau des contraintes de la vie.

A titre d’exemple, on peut citer le pétrole dont le cours a baissé de plus de 70% dans le monde passant de 150 $ en juillet à moins de 50 $ actuellement, baisse dont la répercussion sur le prix local mauritanien n’est toujours pas appliquée.

Voilà un sujet qui mérite des éclaircissements aux consommateurs mauritaniens et sur lequel nous reviendrons plus tard.

Info source : Association afcdemo

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Posté   le 21 Mar 2009   par   biko

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