La pédophilie et la drogue menacent les talibés du Senegal

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Chaque jour, les rues de Dakar et de sa banlieue regorgent d’enfants talibés, mendiant pour le compte d’un marabout adulte. Laissés à eux-mêmes, ils courent beaucoup de risques et sont exposés à des actes tels que la pédophilie, les abus sexuels et la drogue. Il est 7 heures passées de quelques minutes à Guédiawaye, au garage des cars rapides et des cars Ndiaga Ndiaye à destination de Pikine, situé à quelques encablures de la station d’essence et du CEM Joseph Corréa. A cette heure très matinale, un groupe de talibés circulent pour demander de l’aumône dans la foule massée aux abords de la route. Mal habillés, la plupart d’entre eux ne portent pas de chaussures. Certains ont des plaies sur la tête et même sur les pieds. Ils se contentent de mettre du sable sur leurs plaies tout en ignorant le risque qu’ils encourent. Le pot de tomate vide en bandoulière, ils mènent des courses effrénées lorsqu’un car se pointe à l’horizon. Ces jeunes êtres sans défense dont les droits sont violés au quotidien, ne se soucient même pas de leurs conditions mais de ce qu’ils vont donner à leur marabout au retour. « Nous nous réveillons tôt le matin, après la prière pour apprendre nos versets coraniques sous l’œil vigilant de nos aînés. C’est vers les coûts de 7 heures que nous prenons nos pots pour aller mendier jusqu’à 10 heures. Heure à laquelle nous revenons pour apprendre. Mais chacun doit revenir avec 250 F cfa pour le marabout.
A midi, il faut repartir pour mendier de quoi manger » informe le jeune talibé Mody qui poursuit : » Comme aujourd’hui, c’est vendredi, les plus grands parmi nous, vont en ville dans les grandes mosquées pour avoir beaucoup d’argent à verser au marabout. Parfois, je quitte la banlieue pour venir mendier jusqu’au garage de Colobane. Là bas, je connais beaucoup de femmes qui tiennent des gargotes, elles donnent à manger une fois que je leur débarrasse de leurs eaux usées et ordures ».

Le manque d’hygiène, le commun des talibés

La plupart de ces jeunes talibés sont laissés à eux-mêmes. Ce sont des haillons, des lambeaux sales qu’ils portent durant des jours et ils ne se lavent pas quotidiennement. Beaucoup d’entre eux traînent des maladies dermathologiques avec des boutons et des plaies qui peinent à guérir. « Il y a une mère de famille qui m’a adopté. Elle me donne à manger et me donne aussi des vêtements quand elle me trouve sale. Parfois, je me lave chez elle mais personnellement, je ne peux prendre quotidiennement mon bain », souligne un jeune talibé. Un autre beaucoup plus jeune avance :  » J’ai des plaies qui peinent à guérir.
Je les soigne avec du sable. Quand j’ai du savon, je prends mon bain mais je peux rester une semaine sans me laver ». Ces jeunes souffrent dans une indifférence totale comme s’ils ne font pas partie de la société alors qu’ils ont droit à l’éducation au même titre que les autres. Cependant, certaines bonnes volontés leur tendent la main pour les aider à sortir de cette situation difficile.
« Ma maison est fréquentée par beaucoup de talibés d’où mon nom: « mère de talibés ». Je leur donne à manger et surtout du savon pour qu’ils puissent se laver. La plupart d’entre eux sont sales et ils traînent des boutons et des plaies qui ne guérissent jamais. J’achète de l’alcool pour les soigner. C’est le fait qu’ils restent longtemps sans prendre de bain qui fait qu’ils tombent malades » souligne Maty Sy, gérante de gargote. Ces enfants sont exposés à beaucoup dangers.

Pédophilie, drogue, violence: les dangers guettant ces sans défense !
Ces jeunes talibés sont parfois battus par leur marabout. Certains d’entre eux portent des cicatrices qui témoignent des sévices subits. Ils sont parfois la proie facile des pédophiles et des trafiquants de drogue qui peuvent profiter de leur ignorance pour les exploiter. « Il y a des choses graves qui arrivent à ces enfants. Parfois, ils sont violés, battus et utilisés par les trafiquants de drogue pour écouler leurs marchandises », note Anta Mbow de l’association « Empire des enfants ». « Toutes les cicatrices que j’aies sur mon corps, c’est notre marabout qui me battait tout le temps.
Il est méchant avec nous surtout quand tu n’amènes pas assez d’argent après avoir passé beaucoup de temps dehors. Au niveau du quartier de Gounass, nous connaissons des personnes qui nous donnent des sachets à livrer dont nous ignorons les contenus. Nous soupçonnons que c’est du chanvre indien mais, nous n’osons pas refuser malgré les mises en garde des marabouts. En contre partie, ils nous donnent à manger et beaucoup d’argent. Ils nous conseillent de mettre le sachet dans nos pots comme si on nous avait donné cela comme aumône », avance un talibé qui avoisine la vingtaine.
Ces jeunes souffrent au plus profond de leur âme, arrachés de leur famille restée au village, ils sont jetés au milieu de cette grande métropole qu’est Dakar avec les dures réalités de la vie. La plupart d’entre eux passent tout leur temps à mendier et ne maîtrisent pas très bien le coran comme cela devrait être le cas. Les marabouts chargés de leur dispenser des cours ne pensent qu’à l’argent qu’ils rapportent au quotidien. Ces informations fournies par les talibés sont balayer d’un revers de la main par un marabout.
« L’argent que me donnent mes talibés, me permet de payer la location des lieux où nous sommes. Je ne leur impose aucune somme d’argent. Je leur met devant le fait accompli qu’on a un loyer à payer à la fin du mois pour qu’ils puissent me venir en aide. Il n’y a pas d’électricité ici, nous avons des lampes tempêtes. Je les bats pour leur donner une bonne éducation et non par méchanceté », note serigne Mbodji. Chaque hivernage, serigne Mbodji retourne avec ses talibés au village pour cultiver la terre. Et l’argent que les talibés amènent au quotidien, leur permet d’acheter des habits pour le retour au village durant l’hivernage.

Posté   le 20 Apr 2007   par   biko

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