Le Blanchiment d’argent au Sénégal: un phénomène en pleine expansion

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Le blanchiment est l’action qui consiste à donner, par différents moyens, l’apparence d’une existence légale à des fonds dont l’origine est frauduleuse ou illicite. C’est donc un vaste champ d’action qui couvre aussi bien les produits de la criminalité ambiante que l’argent de la corruption et des détournements de deniers publics. Le blanchiment est partout et ne cesse de prendre de l’ampleur.
Il est difficile de donner des chiffres, mais selon le Fmi, le volume du blanchiment de capitaux représenterait 2,5 à 5 % du Produit intérieur brut mondial. Pour notre pays, il n’existe pas encore de statistiques. Nous retenons tout de même qu’il est en pleine expansion. Nul besoin de fouiller pour s’en convaincre, tellement on enregistre des scandales de corruption, de détournements et de saisies de drogues. Au cours de mes investigations, je suis tombé sous le charme d’une structure dénommée Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières). Des recherches intéressantes sur son site web ont fini de me convaincre que j’étais sur la bonne piste, une vraie mine d’informations. J’ai alors décidé d’entrer en contact avec elle, mais c’était sans compter sur la loi du silence absolu dont elle a fait son slogan. Après plusieurs tentatives infructueuses, je me suis rendu compte que cette structure préfère évoluer loin des micros et des projecteurs.

La Centif dispose pourtant de puissants moyens juridiques pour dénicher n’importe qui. (voir la loi 2004-09 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le décret 2004-1150 portant création organisation et fonctionnement de la Centif ). Certains gros bonnets qui ont perdu le sommeil depuis la mise en place de cette puissante structure ne me démentiront pas. Un ami m’a conseillé de tout simplement abandonner la piste Centif pour avoir, lui aussi, essayé à maintes reprises de la contacter sans succès. Sa seule confidence : ‘cette structure n’ouvrira ses portes à personne de peur de lui faire humer la poudre des bombes qu’elle détient.’

Pourtant, la dernière trouvaille de la Centif est tout bonnement la mise à jour d’une vaste opération de blanchiment à coups de milliards de nos francs. Un diplomate européen en poste à Dakar, par le biais d’un trafic de visas avec la complicité d’une ressortissante guinéenne, s’adonnait à ces pratiques peu recommandables. Comme quoi, il n’y a pas que des saints dans le corps diplomatique accrédité à Dakar.

Aux dernières nouvelles, le diplomate en question a été relevé de ses fonctions et renvoyé chez lui. Sa complice est interdite de séjour dans l’Union européenne. L’affaire est actuellement dans les couloirs de la justice sénégalaise. L’Union européenne attend beaucoup du juge sénégalais en charge de ce dossier.

D’autres patates chaudes sont entre les mains de cet organisme ainsi que celles de la justice. Les prochains développements de l’actualité judiciaire ne manqueront certainement pas d’en faire état, si bien sur, nos valeureux juges veulent relever le défi et l’affront du peuple qui ne cache plus son scepticisme quant à l’efficacité et l’indépendance de la justice sénégalaise. Alors messieurs les blanchisseurs, à qui le tour ?

Posté   le 10 Sep 2008   par   biko

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