Entre Saint-Denis (Guidimakha djikké) et le Mali, une citoyenneté sur deux continents

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guidimakha-djikkeLes modalités de ces accords sont à rapprocher du positionnement politique de Saint-Denis sur le plan international. Dans le prolongement de sa participation au Forum social mondial à Porto Alegre en 2001 et de son engagement dans le mouvement Attac (Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens), l’équipe municipale les conçoit comme un moyen de transformer les rapports inégaux Nord-Sud. Cette tendance, selon elle, doit s’amorcer à un niveau local par la participation des migrants et par une modification du statut qui leur est réservé en France. Ainsi, le maire appelle au droit de vote des étrangers aux élections locales, à la régularisation des “sans-papiers” et à la libre circulation des personnes.

Communiquer, et lutter contre la stigmatisation

La convention signée entre l’association djikké et la ville de Saint-Denis a donné naissance à de nombreux échanges. Estimant que la reconnaissance et la valorisation des actions de développement des migrants vers leur pays d’origine constituent une réponse à la xénophobie et à la stigmatisation dont ils sont victimes, la municipalité s’engage à faire circuler l’information. Ainsi, la convention comprend un volet relatif à l’éducation au développement, la ville s’engageant à mobiliser la population dionysienne par des “réunions de restitution” des missions, regroupant des habitants, des associations et éventuellement les services municipaux impliqués.

À la suite d’une mission d’évaluation conjointe du projet d’approvisionnement en médicaments des centres de santé, le service municipal de santé de Saint-Denis a présenté cette action lors d’une semaine de solidarité internationale, ainsi que dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI). D’autres réunions ont engagé des établissements scolaires dionysiens, et la municipalité a également participé à une journée d’information sur les associations africaines de développement et la coopération décentralisée, organisée par l’association. Parallèlement, la presse locale relaye les réalisations et les échanges relatifs aux accords.

Par ailleurs, la ville met en relation l’association avec des partenaires potentiels, la convention prévoyant que Saint-Denis “s’engage à créer une synergie entre les écoles, collèges et lycées, le milieu associatif et économique et l’association ”. Elle lui a ainsi permis d’élargir ses partenariats, en la mettant en rapport avec la commune de Montrem, citée plus haut, et avec un lycée du quartier des Franc-Moisins, à Saint-Denis, qui cherchaient à développer des relations avec le Mali.

Les accords de coopération produisent de nombreux échanges, de Saint-Denis vers le Mali, mais aussi de l’arrondissement d’Aourou vers Saint-Denis. Ainsi, quand des événements sont organisés par la municipalité, les élus des trois communes maliennes sont invités à Saint-Denis. Ce fut le cas pour l’inauguration du Stade de France et lors d’une conférence internationale réunissant des délégations de plusieurs villes du monde. Lors de la Coupe du monde de football, en 1998, des délégations internationales composées d’une équipe de football et d’un groupe musical ont été invitées à participer à des rencontres sportives et culturelles. La région d’Aourou était représentée. Cette initiative a été reprise par certaines associations de jeunes, Guidimakha djikké travaillant en partenariat avec elles pour mettre en place des échanges, et la ville de Saint-Denis accueillant des jeunes Maliens de l’arrondissement d’Aourou. Inversement, de jeunes Dionysiens ont été reçus dans les villages. Enfin, le maire et une partie de son équipe municipale font régulièrement le voyage au Mali, sillonnant les vingt-quatre villages de l’association pour aller à la rencontre des populations.

Source: Hommes et Migrations

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