LES MOTS ET EXPRESSIONS POUR DÉSIGNER LE SONINKÉ

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L’APPELLATION

L’appellation Soninké: vocable utilisé par les Soninkés pour designer leur identité ethnique. Selon la légende, les traditions orales, SONNA serait la ville natale deMama Dinga, le patriarche des Soninkés. SONINKEserait alors « l’habitant de SONNA ou SONNI ». La localisation du site reste à prouver scientifiquement. On constate cependant des traces de cette appellation dans plusieurs localités du Mali.

SONINKE = SARAKHOLLE

La dénomination Sarakhollé est utilisée par les wolofs, les Français et son équivalent chez les gambiens est « Serewulli » ou « Sarawulli ».

Selon certains, « Sarakhollé » serait une expression wolof signifiant « parler de la gorge » à cause des sons gutturaux abondants dans le parler Sonninké. Selon d’autres, il s’agit d’une expression Soninké « sare – xulle » signifiant « personne de teint clair ou homme blanc ». En effet, la tradition orale attribut au Soninké une origine blanche, yemenite, hindoue, égyptienne, etc…

SONINKE = SARAKHOLLE (Suite/Fin)

Quant à l’hypothèse linguistique, le mot sarakholé serait la résultante d’un procedé phonétique appelé métathèse, c’est-à-dire un procédé d’inversion portant sur des syllabes ou des mots dans la langue. Donc, « Saraxulle » serait dérivé de « Sara – xulle » signifiant mot-à-mot « personne – rivière ». Ce serait donc « xolle – sare » « homme des rivière » qui par métathèse est devenue « sara – xulle ». Ce phénomène est fréquent en Soninké. Exemples : gijin – pare = farin – gije (phacochère) nyaaxame = nyamaxe (repas du soir) nyaxamala = nyamaxala (gens de caste)

LA DÉNOMINATION « MARKA »
• « Maraka » :

les Bambaras et les autres mandingues nomment les Soninkés par le terme « maraka » ou « marka », une analyse linguistique et historique peut conduire à différentes interprétations :
• Partant de la langue Soninké, le « mara » en tant que substantif signifie « grenier » ou « région administrative ».
• Comme verbe il peut signifier diriger, domestiquer, dominer, garder, stocker, etc….

LA DÉNOMINATION « MARKA » (SUITE)

Le mot « mara » en comme verbe est presque synonyme de celui du Soninké. Il signifie diriger, stocker et il a le sens de région administrative. « maraka » pourrait à première vue être décomposé de la manière suivante : « marakan »: en mara et kan ou mara et ka Mara – kan : verbemara + kan : substantif Mara – ka : verbe + suffixe ka : formation impossible en , le suffixe – ka ne pouvant fonctionner qu’avec les substantifs en .

LA DÉNOMINATION « MARKA » (SUITE)

Dès lors, on pourrait pencher vers l’hypothèse marakan = mara-kan, langue de ceux qui dominent, qui stockent, qui domestiquent, etc… Nous savons que l’ethnie Soninké est par excellence l’ethnie qui stocke, qui thésaurise, qui conserve (référence aux dioulas, commerçants) et marka est aussi synonyme de « conservateurs ».

LA DÉNOMINATION « MARKA » (SUITE)

Historiquement, nous savons que Soundiata Keita s’était refugié un moment à Méma, au Wagadou et il s’est fait accompagner au Mandé par des Soninkés pour conquérir le pouvoir, et ces Soninkés sont devenus des « mandé-mori », parce qu’étant lettrés en Arabe, ils se sont vu confier l’administration, la collecte des impôts et l’éducation des enfants dans la Mandé. Les mandingues qui nomment les Soninkés « Markas » ; ceci pourrait se traduire par la langue de ceux qui administrent, de ceux qui ont dominés, en souvenir de l’empire du Wagadou.

LA DÉNOMINATION « MARKA » (SUITE/FIN)

Les Bambara parlent aussi de :
• Maraka – je
• Maraka – fin
• Maraka – jalan

Le Maraka – je est celui qui parle la langue Soninké avec netteté

Le Maraka – fin est celui dont la langue est bambara mais revendiquant une origine Soninké

Le Maraka – jalan sont des populations ayant des patronymes Soninkés (Cissé, Sakho, Tounkara, etc…) et soutenant farouchement leur appartenance à l’ethnie Soninké.

LA DÉNOMINATION WAKHORÉ – WANGARA

Il existe une version de Dinga en pays songhay qui se réfère à un habitant yéménite qui au cours de ses voyages rencontra un génie propriétaire des lieux dont il vainquit les sortilèges et épousa les deux filles du sorcier et une servante; il eut de l’aîné un fils Wakhôré, et de la seconde il eut Wangara et le troisième fils que lui donna la servante est Songhay. Wakhôré serait l’ancêtre des Soninkés, Wangara se réfère aux Malinkés et Songhay est l’ancêtre des Songhays.

LA DÉNOMINATION WAKHORÉ – WANGARA (SUITE)

Le génie avant sa mort aurait prédit que la famille Wakhôré règnerait d’abord, puis les Wangara et enfin les Songhay (ce qui se serait réalisé par la succession des trois empires : Ghana – Mali – Songhay). Une autre version de Dinga du delta central nigérien rapporte que le Dinga des Songhay aurait épousé cinq femmes qui lui auraient donné dix-sept enfants. La première épouse, Sétakhoullé Daffé de Djenné est restée sans enfant. Dinga alla à Dia où il épousa Assakhoullé Soudourou qui lui donna trois jumeaux, l’un mourut à bas âge.

LA DÉNOMINATION WAKHORÉ – WANGARA (SUITE)

L’ainé Siriman Missané dit Diafouné serait l’ancêtre des Djikkinés, le cadet Diakhaba Founé serait l’ancêtre des Souarés. Dinga alla ensuite à Dioka et épousa Diangono – Boro qui lui donna six enfants. Terenkiné – Térenkalla, Lampakhé (ancêtre des Berté) Karaguidé (ancêtre des Séméga), Tougon – Modé Kabonga (Père de Diabé), le sixième est mort en bas âge. La quatrième épouse de Dinga Katana – Boro est mère de cinq enfants, Magan Diabé, Magan Tané Foulanké (tous ancêtres des Cissé), Magan – Mamadou et Magan Komma sans postérité.

LA DÉNOMINATION WAKHORÉ – WANGARA (SUITE)

La cinquième épouse Singaguillé – Sounékoro mit au monde trois enfants : Mamadi, ancêtre des Touré, Fasséro père des Kouma, le 3ème enfant mort en bas âge. Même si aujourd’hui l’équation Soninké – Songhay ne résiste pas à la critique nous constatons que les deux ethnies partagent les mêmes légendes. Une autre hypothèse de l’équation Wangara – Wakhoré se réfère à la diaspora soninké qui aurait donné naissance à un groupe particulier dénommé tantôt Wangara tantôt Wakhoré suivant les milieux où ils sont installés.

LA DÉNOMINATION WAKHORÉ – WANGARA (SUITE/FIN)

Les Wangaras et les Wakhorés sont identifiables dans ce cas par leurs patronymes, ce sont des patronymes tels que : Saghanogo, Diabakhaté, Cissé-Haidara, Bagayogo, Timité, etc. Des membres appartenant à d’autres ethnies se sont aussi approprié les appellations Wangara – Wakhoré mais d’origine Bambara, Senoufo, Songhay, Bobo, Haoussa, etc., ceci à cause de leur érudition dans le domaine de l’Islam parce que détenteur de l’imamat dans leur milieu.

WANGARA – GANGARA OU GANGARI

Le vocable Wangara rappelle celui de Gangara terme désignant des populations Soninkés qui étaient installées dans l’Assaba et le Tagant et dont les descendants ont pour ancêtre des Makhan, Mallen Duo Soumaré fondateur du Guidimakha (Guidimakha). Guidimakha signifiant « Giden Maxan » ou « Makhan de la montagne » ou le Hairé (montagne ou colline) expression peulh désignant actuellement une zone du Guidimakha mauritanien.

SONINKÉ – SONGHOY – SONIANKÉ

Sur le plan linguistique, les deux communautés appartiennent à deux familles différentes : le Soninké est de la famille linguistique « Mandé » et le Songhoy est de la famille « nilosaharienne ». Néanmoins, il n’y a pas de raisons qu’ils n’aient pu exister des liens entre eux. En effet, il existe dans le Songhoy et le Zarma ceux qu’on appelle « Sonianké », ce sont des animistes parlant Songhay – Zarma mais qui font leurs incantations en langue Soninké qu’ils ne parlent plus et qu’ils considèrent comme la langue de leurs ancêtres et mais n’étant plus parlée aujourd’hui que par des étrangers venus d’ailleurs : les Soninkés.

SONINKÉ – SONGHOY – SONIANKÉ (SUITE/FIN)

Car en les écoutant réciter ces incantations tout locuteur soninké comprend aisément une partie de leur discours. Exemple : ils disent « An Kantan li?o » en parlant de la puissance de la hache de foudre. Quant à Soninké et Sonianké, ce sont des termes très voisins phonétiquement et la tradition orale et l’histoire Shonghoy – Zarma est encore conservée en langue Soninké par les Djessérés. On ne peut que constater un impact certain des Soninkés sur les Songhoys. Ainsi, les Wakhorés qui sont nombreux dans le Dendi au Niger ne sont que des Soninkés qui sont perdus parmi les ethnies Songhoy. Quand un Soninké écoute un Djésséré, il comprend ce qu’il dit et ce vocable Djésséré n’est autre que l’équivalent de Guessére (phénomène phonétique de palatalisation de (d) devenu (J) devant une voyelle avant (e).

= SONINKÉ

Les recherches s’accordent sur l’appartenance de la communauté diakhanké à l’ethnie Soninké, elle a été fondée par Salim Souaré (comme sous l’appéllation mandingue Diakha Laye Souaré ou M’Bemba Laye. Le patriarche des Diakhankés serait originaire de Diakha au Macina malien. A l’origine, il s’agissait de quatre foyers, quatre clans : Souaré, Dramé, Fofana et Fadiga; ensuite, se sont ajoutés Diakité – Kaba, Sylla, Gassama-Diaby, Dansokho, Sawané, Sakho, etc… Diakhanké peut être traduit par « habitants de Diakha », et Diakha est à rapprocher des noms des localités de Dia, Diakhaba, Djenné, etc…

SONINKÉ – SONGHOY (SONRAÏ) – SONIANKÉ

Sur le plan linguistique, la langue Diakhanké ressemble plus au mandingue qu’au soninké, mais le groupe est certes apparenté au soninké mais il a adopté la langue mandingue Les diakhankés sont aussi appelés les toubaka en Guinée.

SILLANKÉ = SONINKÉ

Il s’agit d’un groupe assez réduit habitant au Burkina faso et au Niger. Au Burkina, tous les Sillankés sont originaires de Baghiemdé appelé Goor-xoore par eux-mêmes (le nom du village rappelle celui de Gori du Djafounou). On distingue parmi eux deux groupes: les Sillanko – Sul qui seraient venus de Nioro (Mali) et les Sillanko – Zi leurs captifs. Par ailleurs, l’appélation Sillanké désigne aussi des populations d’origine Soninké au Niger et certains d’entre eux se sont installés vers la frontière avec le Nigeria où ils ont créé un village du nom de Youri en souvenir de la capitale du Kingui (Mali).

SILLANKÉ = SONINKÉ (SUITE/FIN)

Ce sont essentiellement des Diawara et des Sylla et ils parlent un Soninké fortement influencé par la langue peulh. L’appellation sillanké s’est étendue à la communauté Soninké immigré exerçant le commerce à Niamey. Les généalogistes appelés Djessérés en milieu Djèrma font leurs généalogie en langue Soninké tout en traduisant en Djèrma

AUTEUR : Pr. Mamadou Khalifa SOUMARÉ (Linguiste, à l’École Normale Supérieure  de Bamako (présentation lors de la seconde édition du «  à Kayes ») 

 

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