Djibril Tamsir Niane: l’intégration des noms de familles (soninké, bambara, malinké, socé, etc.)

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Telles furent les étapes de l’expansion mandingue qui aboutirent à la création d’un espace culturel et commercial : culture et commerce sont les deux grands composants de la civilisation mandingue. Ils ont constitué les éléments moteurs de l’intégration que vécut le monde mandingue. Celle-ci s’est imposée de fait aux conquérants. L’ et l’ ne furent pas des Etats unitaires ; ils renfermaient dans leurs seins des royaumes, des provinces autonomes. Les souverains ont eu pour principes de respecter les us et coutumes des pays conquis, lorsque des familles régnantes ont été destituées, à leur place on a mis d’autres familles autochtones. Au sein du Mali, les provinces et royaumes non malinké ont gardé leur personnalité mandingue ; la justice était rendue selon la coutume locale.
Nous parlons d’Empire, nous sommes plutôt en face de confédération ; ceci est particulièrement vrai du Mali que nous connaissons aussi bien à travers la documentation orale qui nous a été transmise de génération en génération que par les écrits des étrangers qui ont vécu dans l’Empire.

L’autorité du pouvoir central était fondée sur une allégeance matérialisée par certaines fournitures ou taxes laissant au pouvoir local une marge de manoeuvre considérable.
Dans l’espace politique défini par les conquêtes la langue mandingue a joué le rôle de langue véhiculaire ; elle a joué dans l’Empire du Mali peuplé de plusieurs dizaines d’ethnies aux langues différentes, le même rôle que l’anglais de nos jours dans le monde moderne. Les Empereurs et les gouverneurs maliens n’ont jamais imposé la langue malinké pas plus qu’ils n’ont imposé tel ou tel trait de leur culture. Respectueux des coutumes et des traditions le pouvoir a laissé libre jeu au contact de civilisation ; ainsi dans certains cas les ont assimilé les autochtones, dans d’autres cas ils se sont laissés assimiler. C’est le lieu d’évoquer le cas gabounké.

Au , les malinké se sont intimement mêlés aux autochtones : dans mon Histoire des mandingues de l’Ouest nous avons traité cette question : « Les malinké prirent femmes chez les et chez les . La plupart de ces populations parlèrent la langue malinké ; mais les gens de Tiramaghan eux aussi adoptèrent volontiers la coutume locale qui veut que le neveu (du côté de la soeur) hérite des biens de son oncle. De la sorte, à Mampating, comme dans les autres résidences royales, dès la deuxième génération, beaucoup de jeunes malinké héritèrent des biens de leurs oncles maternels ; ils prirent le nom de clan de leur mère. Ils furent ainsi, grâce aux coutumes locales, les maîtres légitimes du Gabou.

Le jeu en valait la chandelle : les noms malinké TRAORE, KEÏTA, KOUROUMA, etc. furent remplacés par les noms de clan baïnouk, mandjak, badiaranké, etc. SANE et MANE se substituèrent à TRAORE (clan de Tiramaghan) SAGNA et MANDIAN à KEITA (clan de Mansa Wali fils de Soundjatta KEITA). Partout dans les autres provinces les malinké prirent les noms locaux : SONKO, DIASSI, MARON, DRAME, NIABALI, etc. ». Le contact de culture aboutit dans le cas gabounké à une brillante synthèse, une symbiose des plus harmonieuses entre malinké et autochtones.

Ailleurs les mandingues ont été parfois assimilés ; c’est le cas notamment au Djolof ; dans le Sine également, mais là les traits de culture mandingue sont restés vivaces.
Le commerce aussi a joué un rôle important dans le monde mandingue ; il a servi à tisser entre les mandingues et leur voisin des liens très étroits. A la fois musulmans et commerçants les mandingues ont été un communicateur, un diffuseur de culture ; leur méthode et système commercial restent encore vivaces.

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