L’Abécédaire de l’esclavage des noirs, de Gilles Gauvin

Google+ Pinterest LinkedIn Tumblr +
Abécédaire de l'esclavage des noirs

Abécédaire de l'esclavage des noirs

Un manuel pratique qui retrace les éléments majeurs d’une histoire encore si peu connue.Aux premiers abords, il s’agit là d’un drôle d’intitulé pour un livre. Et, l’on peut de suite se demander si l’esclavage, cette période de l’histoire qui reste omniprésente dans les esprits, peut être rangée dans un « abécédaire ». Mais comme nous prévient dès le début l’auteur, , « ce livre n’a pas l’ambition d’être un dictionnaire de l’esclavage des Noirs, mais une invitation à en découvrir, au gré d’un abécédaire, quelques aspects majeurs au fil des pages. » Le contexte étant posé et clairement défini, il ne nous reste qu’à récolter, lettre par lettre l’histoire expliquée pour entendre ces souffles de vies d’une histoire commune et particulière à la fois.
A comme « Abolitions » ; R comme « Révoltes »
C’est une sorte de « pyramide inversée » que l’auteur, docteur en histoire à l’IEP de Paris, et membre du Comité pour la mémoire de l’esclavage (CPME) choisit comme axe d’écriture. Bien évidemment, ce livre a été avant tout écrit pour des fins d’apprentissages, c’est sans doute pour cela que le style de l’abécédaire à primé sur tous les autres styles qu’il existe. Et puis, sans doute qu’il s’agit là une manière de rendre cette histoire, disons plus accessible ?
A comme « Abolitions », celles de 1794 puis celle de 1802. Dans ce premier chapitre, on retrouve tant la genèse de « ce système qui permet le droit de propriété d’un être humain sur un autre » (E, comme « Esclavage ») que les révoltes sous le cri populaire de « vivre libre ou mourir » (avec les révoltes menées par en Haïti ou Louis Delgrès en Guadeloupe).

Se glisse alors une place pour la lettre B, comme Bossales (ces esclaves déportés aux Antilles, principalement originaires d’Afrique de l’Ouest), ou les Bantus (ceux originaires d’Afrique Centrale). Puis, la lettre C, avec les créoles (ces natifs des colonies), les Congo (représentant plus de 40% des bossales) ou encore les Codes noirs qui légalisent ce crime contre l’humanité.
Un point est fait sur les danses et arts nés de l’esclavage, comme le bélé (Martinique), le gwoka (Guadeloupe), le Kasé kô (Guyane), le maloya (Réunion), la capoeira (Brésil) ou le moring (à la Réunion), le danmyé, ladja ou kokoyé (Martinique). En fait, cet héritage laissé par ces esclaves qui ont trouvé un moyen de communiquer, par la danse, l’art, la culture ou même la langue, le créole, à la lettre G comme « genèse des créoles. »
On n’oubliera pas de préciser le rôle des femmes ou encore de se focaliser sur quelques personnages centraux tels l’, Toussaint Louverture, Solitude, , , Dumas, , , , et … qui ont tous joué un rôle dans les abolitions.

I comme « Idéologie » ; X comme celui relatif à « l’Identité »
Comme il est d’usage de le faire lorsque l’on touche à ce sujet qui passionne, Gilles Gauvin n’oublie pas de préciser toute l’idéologie relative à l’esclavage.
En rappelant qu’il fut aussi une « pratique » utilisée dans la Grèce Antique, avant d’arriver à ce qu’il fut dans les Karib ou Caraïbes. Rappelant les théories permettant la justification des actes, tels la controverse de Valladolid, la malédiction de Cham mais aussi les déclarations des droits de l’homme et du citoyen, celle des femmes et de la citoyenne, la pièce de théâtre Zamore et Mirza ou encore Candide, de Voltaire et toute cette dynamique autour de la période des Lumières. Et puis, on découvre aussi que ces mêmes esclaves n’étaient pas que dans les plantations mais étaient aussi enrôlés dans les armées européennes, notamment lors de la lutte contre le marronnage et les révoltes. Ah, nous y voila ! Le marronnage… ces « nègres-marrons », « noir-marron », « marron » ou « maroon », en anglais, ces esclaves qui ont quitté les plantations caribéennes, les [g palenques]espagnoles ou les quilimbos du Brésil. Les noms les plus célèbres résonnent aux oreilles et rappellent ces légendes racontées jadis, comme les héroïques actions de Fabulé ou Pompée et Mafate ou Cimendef et Cilaos. Sans oublier leur mémoire perpétuées par leurs descendants tels les Saramaka, au Surinam ou encore les Boni, en Guyane. La lettre N est utilisée non comme « nègre », bien qu’on sait que « le nègre vous emmerde » mais comme l’adjectif « négrier » qui renvoit aux grands ports négriers tels ceux de Bordeaux, Nantes, Le Havre, Honfleur, ou encore La Rochelle sans oublier le retour à la case départ c’est-à-dire, la maison des esclave de l’Ile de Gorée ou encore la Porte du non-retour de Ouidah.

U comme Union

Si l’on vous dit qu’il existe une égalité entre tous les hommes, quoique puisse être leur couleur, religion ou sexe ? Y croyez-vous ?En ce qui concerne l’esclavage, on est forcé d’admettre qu’une pièce du puzzle était manquante. Celle de l’Union entre tous les hommes, sans préjugés de couleurs. Et pourtant, Gilles Gauvin revient aussi sur cette force qu’à été l’union, celle des esclaves et des antiesclavagistes. Des rassemblements sont nés, tels la Société des citoyens de couleurs, les Quakers ou la Société des Amis. Et puis comme cette dernière, l’importance du vaudou dans toutes ces révoltes. « Etre libre ou mourir » et le sacrifice du Bois-Caïman.En arrivant à la lettre Z, à la fin de cet abécédaire, on se sent comme soulagé. Soulagé d’avoir enfin un support relatif à cette période de l’histoire, encore très peu apprise dans le cadre scolaire.
Mais surtout, soulagé par la compréhension et les explications données. Comme si, les repères nous avaient été amorcés par des dates clés, des faits et des dires.

L’auteur, Gilles Gauvin, aura finalement atteint son objectif. Et, cet abécédaire possède bien les principaux éléments pour toucher « un large public afin que la mise en lumière de cette tranche sombre d’un passé commun, soit une étape pour avancer dans notre société multiculturelle. »

Posté   le 20 Sep 2008   par   biko

Share.

About Author

Comments are closed.