Soninkara : As-tu un album en préparation ?
Mamadou Demba Magassa : Le prochain est prévu pour 2008, inch’Allah. J’espère qu’il marchera aussi bien comme les autres (rire).
Soninkara : Avec qui ?
Mamadou Demba Magassa : Je ne peux rien vous dire pour le moment. Je tiens à vous rappeler tout de même que j’ai de très bonnes relations avec les autres artistes et que je ne reste pas fermer à l’idée de sortir un album en duo avec l’un d’entre eux. J’ai déjà eu à travailler avec mon ami Lassana Hawa Cissokho. Un artiste, un vrai.
Soninkara : Pourquoi la musique soninké reste discrète hors de Soninkara ?
Mamadou Demba Magassa : Elle ne l’est vraiment plus, car comme je vous le disais tout à l’heure, elle touche d’autres communautés, elle est écoutée par beaucoup qui ne sont pas forcément des soninkés.
Soninkara : Quel message as-tu à dire aux jeunes soninkés de France ?
Mamadou Demba Magassa : Qu’ils s’intéressent à leur culture, surtout à leur langue maternelle. La langue est un pont entre l’individu et une culture, c’est aussi un grand vecteur de valeurs. Ils ont la chance d’avoir une culture riche, car les soninkés appartiennent au groupe ethnique du mandé en Afrique de l’Ouest, le mandé a dominé et continue toujours de dominer la culture ouest-africaine.
Il y a un début, car aujourd’hui, on voit des jeunes qui aiment 50 Cents mais qui écoutent aussi du Diaby Doua Camara ou du Demba Tandia, l’intérêt est là, ils l’expriment.
Soninkara : Quels sont projets dans le cadre de tes activités artistiques ?
Mamadou Demba Magassa : Je rêve d’avoir un studio à moi pour pouvoir faire des répétitions, j’avoue que c’est l’une des choses qui manquent à notre musique. Ce n’est pas facile, mais un jour ça viendra, j’espère qu’Allah m’entendra. Ensuite, je voudrais aller faire des concerts en Afrique, je commencerai par Diawara, puis je ferai une tournée dans plusieurs villes et villes à majorité soninkés. J’irai à Yaféra avec mon ancien groupe, j’aime beaucoup ce village, les gens y sont chaleureux et accueillants. Je reçois ici beaucoup d’appels venant d’Afrique pour m’inviter à venir faire des concerts, j’y pense souvent.
Je voudrais aussi, un jour, faire des concerts caritatifs avec d’autres artistes soninkés, pour collecter des fonds afin d’aider des enfants à poursuivre des études ou acheter des médicaments pour les populations les plus démunies en Afrique.
Soninkara : comment es-tu arrivé dans la chanson ?
Mamadou Demba Magassa : Je ne suis pas arrivé dans la chanson par hasard. J’ai eu un grand-père et une tante qui étaient d’excellents chanteurs et connus à Diawara. Mon grand-père était déjà décédé quand je commençais à chanter, mais ma tante est encore vivante et c’est une bonne conseillère pour moi. Elle m’aide à concevoir des chansons, c’est mon auteur préférée, elle manie bien la langue, j’ai beaucoup de chance de l’avoir. Elle m’encourage beaucoup et cela me donne beaucoup de force, même à des milliers de kilomètres.
Soninkara : Mamadou Demba est-il marié, fiancé, a-t-il une petite amie ?
Mamadou Demba Magassa : Rires ! Non, ni l’un ni l’autre. Je n’ai pas de femme dans ma vie pour le moment, même si je reçois des dizaines de lettres de demande en mariage de la part de jeunes femmes aussi belles les unes que les autres. Mais j’y pense, oui je pense à me marier, fonder une famille, avoir des enfants, j’adore les enfants vous savez.
Soninkara : Un cœur à prendre alors ?
Mamadou Demba Magassa : Bien sûr (rires) !
Soninkara : Fréquentes-tu les foyers ?
Mamadou Demba Magassa : Oui, beaucoup, soit pour passer dire bonjour à des oncles, des cousins ou des amis (d’enfance, entre autres), ou bien pour aller présenter des condoléances à la suite d’un décès intervenu au pays. J’éprouve beaucoup de respect pour les gens qui habitent dans les foyers, ils sont plein de courage et ce sont des gens qui cultivent l’humanisme à un tel point qu’ils méritent du respect de notre part. Vous savez, tout le monde ne peut pas vivre dans de telles conditions dans le seul but de pouvoir aider la famille en Afrique. Et quand je parlais de solidarité, en voilà un bel exemple, des gens qui acceptent de se sacrifier pour offrir une meilleure existence à ceux qui sont restés au pays, il y en a pas beaucoup de nos jours, hélas.
Soninkara : As-tu un message particulier à adresser aux autres artistes ?
Mamadou Demba Magassa : Je voudrais que l’ensemble des artistes de la communauté s’unissent pour faire des choses ensemble pour notre communauté, que l’ont soit malien, sénégalais, mauritanien, gambien ou autre, nous avons tous un point en commun : la langue et ce qu’on appelle le Soninkaxu, c’est-à-dire l’art d’être un soninké. Nous devrons prendre l’exemple sur les artistes maliens non soninkophones.
Interview réalisé par: Oumar SAKHO et Moustapha Abdoul SAKHO